Page 208 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
Tartag, commandant à l'époque, qui venait de prendre en
charge le Centre militaire d'investigation de Ben Aknoun,
placé sous les ordres du général Kamel Abderrahmane,
alors directeur cenrral de la Sécurité de l'armée. C'était au
mois de mai 1994. J'étais au siège du ministère de la
Défense, dans le bureau du commandant Hadj Zoubir à qui
j'étais allé rendre une visite de courtoisie. J'avais fondé Le
Libre cinq mois plus tôt. Mes rencontres avec mes anciens
collègues étaient franches et claires. Ils me connaissaient
parfaitement pour savoir que mon journal n'était pas mani-
pulable. Ce n'était pas à moi qu'on s'amusait à dicter des
papiers. Et ce d'autant plus que, contrairement aux autres
journalistes pour qui la SM était un mystère, elle n'avait
aucun secret pour moi. Ils ne pouvaient nullement m'im~
pressionner. Je profitais évidemment de ces rencontres
pour m'informer et suivre de près l'actualité des coulisses.
J'utilisais ces infonnations conune bon me semblait, mais
sans nuire à mes sources.
Ces relations ne m'assuraient ni protection contre le
harcèlement judiciaire et policier dont je faisais l'objet, ni
un soutien auprès de l'ANEP (Agence nationale d'édition
et de publicité) qui détenait le monopole de la publicité du
secteur étatique. Dois-je rappeler que je n'ai jamais reçu
un centime de cette agence, que ce soit lorsque je dirigeais
EJ AciJ, ou lorsque j'étais à la tête du Libre ?
Je ne rencontrais plus que ceux. de mes anciens col-
lègues qui partageaient les mêmes opinions que moi et
trouvaient un soulagement certain à s'ouvrir à moi en toute
confiance, sans calcul et sans crainte. C'était le cas avec
le commandant Hadj Zoubir. Dans ces bureaux, on ne
cherchait pas à me dissimuler des documents confidentiels.
Et l'on ne parlait pas en langage codé d'affaires qui rele-
vaient du secret. C'est ainsi que je découvris les premières
opérations de représailles.