Page 207 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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trouvé d'autre à dire que: «L'armée ne pouvait intervenir
de crainte que le nombre des victimes soit plus élevé encore.
Les terroristes pouvaient tendre des embuscades aux unités
d'intervention. » Un raisonnement de caporal, indigne d'un
général, même s'il a gagoé ses galons loin des champs de

bataille. Il était moins timoré lorsqu'il s'agissait de faire

manœuvrer ses blindés dans les rues d'Alger, en octobre

1988, pour tirer sur des manifestants désarmés. A-t-il oublié

que la base aérienne de Boufarik n'est qu'à cinq minutes de
Bentalha? Une chose est sûre : si ces terroristes avaient
investi le complexe touristique militaire de Sidi Fredj ou les

résidences du Club des Pins, Nezzar et ses acolytes n'au-

raient pas hésité une seconde à sacrifier dix mille soldats
pour venir au secours des barons du régime.

     Je ne peux affinner que des massacres de paisibles
villageois aient été commis par des militaires. Je ne saurais
y croire. Je ne crois pas non plus aux allégations de cer·
tains journalistes occidentaux ou de pseudo-témoins qui

rapportent des histoires rocambolesques «de militaires

portant des fausses barbes dégoisés en islamistes» afin de
perpétrer des massacres de civils.

     En revanche, il est clairement établi que les militaires,
obéissant aux ordres de leur commandement. sont les
complices passifs de ces massacres en ne portant pas
secours aux victimes. Sinon, comment expliquer l'intru-
sion d'un groupe terroriste dans un périmètre de sécurité
comme celui de Beni Messous, qui compte pas moins
d'une demi-douzaine de casernes, dont l'école de fonna-
tion des officiers de la Sécurité militaire, au milieu duquel

soixante personnes ont été égorgées?

     TI est vrai aussi que des opérations de représailles sont
menées par des militaires et des policiers. La première fois
que j'en ai entendu parler, c'était par le colonel Bachir
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