Page 49 - Fleurs de pavé
P. 49
Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
Nora je la retrouve régulièrement aux halles.
Elle est toujours aussi morte de peur, surtout la nuit, c'est
pourquoi j'ose lui proposer de partager ma cave, rue des
petits carreaux. En tout bien tout honneur, je le lui assure.
Elle accepte, elle a confiance en moi.
Nous discutons ensemble depuis un moment, nous
évoquons l'enfance, la notre, la mienne.
Pas loin de l'immeuble où j'habitais se trouvait un tabac
avec, au bout, les trappes pour la livraison du charbon.
Nous aimions avec notre petite bande de copains et de
copines aller trainer de ce côté là.
Presque à chaque fois, nous nous faisions gronder à cause
de la poussière de charbon qui nous noircissait les mains
et les genoux.
À cette époque-là, nous étions en culotte courte qui
s'arrêtaient juste au-dessus du genou.
En face, il y avait un marchand de peinture Ripolin.
La devanture de sa boutique me fascinait. Elle était
animée par une scène étonnante. On y voyait un gros pot
de peinture que versait un Monsieur Ripolin.
Par un artifice technique bien fait, on avait l'impression
que la peinture coulait en permanence et que le pot de
peinture ne se viderait jamais...
Quand nous allions au marché faire les courses avec ma
maman, tout était spectacle pour moi, les cris des
marchands et les odeurs de fruits et légumes, les
boutiques et les boulangeries qui fleuraient bon le pain
tout chaud.
La pharmacie, le marchand de jouets, la mercerie, et
surtout le café-tabac PMU.
49