Page 53 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
– Tu veux que je te dise prophète ? Tout ça, c'est
la faute de nos parents, avec leur bonne
éducation à la con ! Si on nous avait appris à
être moins gentils, moins pointilleux sur
l'honnêteté, la justice, la charité, on n'en serait
pas là !
– Tu touches une vérité première là, petite ! On
ne devrait jamais apprendre aux gosses à être
gentils à l'excès. On devrait leur apprendre à
penser à eux d'abord, leur apprendre l'égoïsme,
à se méfier de tout le monde dès que leurs
intérêts sont en jeu. La politesse, oui, le savoir
vivre oui, mais pas en ce qui concerne les biens
matériels, là. On devrait leur apprendre à être
des loups, des égoïstes et des arrivistes, des
opportunistes. Moi, c'est la gentillesse et de
rendre service qui m'a perdu ! Je serai un
Crésus sans leur morale à la con !
Le prophète se lève et s'en va, suivis de Raoul.
Drôle de bonhomme que ce " prophète ". Quand il parle,
ce n'est jamais pour dire une banalité.
En tout cas, c'est une rareté de l'entendre parler aussi
longtemps.
" Toutes les révolutions ont été mises en marche par les
pauvres ". Cette phrase résonne dans ma tête.
C'est pourtant tellement vrai si on connaît un peu
l'histoire de France, l'histoire en général. Ça me laisse
pensif. " Ne jamais renoncer, jamais ! ".
Les révolutions naissent de la faim, du froid, de la rue
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