Page 55 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
parmi ceux qui ont un toit.
La seule solution véritablement efficace pour moi, c'est
une bonne révolte, une bonne révolution. Tiens, comme
en 68 !
Lorsque les mots ne suffisent plus, il faut parfois laisser
parler la colère. Je ne sais plus qui a dit ça, peu importe.
On peut conspuer ceux qui cassent, ceux qui brûlent les
voitures, mais il y a des circonstances où je peux
comprendre ça. En tout cas on n'a jamais rien trouvé de
mieux pour faire réagir les gouvernements. Ce qui est
dommage c'est qu'ils s'attaquent aux voitures, aux
magasins de leur quartier au lieu de s'attaquer au triangle
Auteuil – Neuilly – Passy, là où se trouve le plus de
capitaliste au mètre carré.
Et quand le peuple dit non ; si un gouvernement persiste
à imposer ses lois, ce n'est plus de la démographie, c'est
de la dictature !
Après tout, sans la révolte du peuple, la France serait
toujours à la botte d'un roi. Elle serait Allemande non ?
C'est vrai que dans ce dernier exemple il y a eu les
Ricains, mais à la base, la résistance est française non ?
La nuit est claire, parsemée d'étoiles scintillantes.
Nous nous retrouvons à quelques uns à l'hôpital Saint
Antoine, dans la cour des miracles, une grande salle où les
gueux sont affalés par terre, sur des duvets, des
couvertures plus ou moins nettes. C'est l'antre de la
misère. Ça pue la sueurs, la crasse, l'alcool parfois.
Ça grouille de monde dans cette salle qui sert
d'hébergement d'urgence, la nuit, à tous les miséreux de
Paris. Ce n'est pas un palace mais c'est surchauffé.
La discutions tourne autour d'une femme et de ses
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