Page 86 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
l'horreur.
Le pire n'est pas la faim, le froid, au début. C'est plutôt
l'hygiène.
Un homme peut rester quelques jours sans se laver, se
raser. Il fait avec et ce n'est pas ce qui le préoccupe le
plus. Une femme si ! Elle est torturée par son apparence
féminine, par l'hygiène et par une apparence relativement
présentable.
C'est une attitude ambigu, en même temps, car, plus une
femme paraît féminine, plus elle va être confrontée aux
dangers de la rue.
Pour éviter les risques d'agressions, de viol (ou de
tentative), elle devra se donner une apparence le plus
masculine possible, mais c'est contre sa nature, contre la
nature féminine qui la pousse plutôt à être soigné au
point de vue présentation, un peu maquillée, avec un
minimum de coquetterie. Chose quasi impossible à la rue.
La femme voit, bien davantage que l'homme, sa peau
prendre un teint grisâtre, ses cheveux devenir d’une
propreté douteuse, ses vêtements maculés, ses mains
même malpropre.
Un homme assumera plus ou moins son statut, mais
généralement plus que les femmes qui ont en ont honte.
Un homme ira vers ses congénères où il trouvera de l'aide
d'une manière toute relative.
Une femme ira se cacher plutôt que d'aller vers les
hommes, même de manière sans équivoque, telle une bête
traquée. La chose se comprend aisément, la grande
majorité des femmes SDF le sont à cause d'un homme.
Quand une femme cherchera du secours, elle ira plutôt
vers les centres d'aides sociaux, la honte aux tripes.
Ajouté à cela, comme pour les hommes, le froid, la faim.
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