Page 91 - Fleurs de pavé
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Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
Je connais la soupe populaire, les foyers
d'hébergement entre des hommes et des femmes, plus ou
moins aliénées par l’alcool ou la drogue, mais le plus
souvent par la misère.
Depuis peu, j'ai laissé ma cave de la rue Montorgueil à
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Nora, la jeune marocaine . Elle en a plus besoin que moi.
Je dors le plus souvent dans un squat du 18e
arrondissement, entre Barbes et Belleville.
C'est Baobab, un camarade de rue, qui m'a proposé d'y
séjourner les nuits où je n'ai vraiment pas d'endroit où
poser mon sac.
Là, vivent un grand nombre de familles originaires du
continent africain. L'ambiance y est chaleureuse,
humaniste même. La majorité sont des sans papiers, mais
pas des sans cœurs. Il y a toujours une assiette, une soupe
chaude pour moi. Même si je n'ai pas un sou, même si je
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suis un toubab . La mama qui dirige ce squat, Myriam, ne
tarde pas à m'appeler " Doudou Toubab ". Logique, je suis
le seul blanc dans ce squat qui compte une vingtaine de
résidents réguliers et une trentaine de transitoires.
La plupart des hommes vivent principalement de petits
trafics, de petits boulots. Certains sont musicien dans le
métro. La plupart des femmes elles, travaillent, soit
comme femme d'ouvrage chez des particuliers, au noir
bien sûr, soit dans des salons de coiffure africaine.
Il y a donc des musiciens, des ouvriers du bâtiment, des
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sapeurs , enfin une faute très diversifié et coloré.
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13 Voir page 40.
14 Un blanc.
15 Adeptes de la sape, qui aiment s'habiller comme des mannequins
de mode.