Page 148 - Des ailes pour le Brésil
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Une nuit, vers les sept heures du soir, des colonies de fourmis sont
                  sorties  de  leurs  trous,  pour  nous  visiter  et  s'approvisionner  dans

                  notre potager. Par millions, elles ont franchi nos murs, hauts de deux
                  mètres, en avançant militairement, en rangs serrés dans l’allée.














                                                                                       Éliane, « l’éclaireuse »
                         Ce fut une nuit pénible, passée à les détruire.

                  Leur  sortie  des  fourmilières  est  généralement  annonciatrice  de
                  l’arrivée des pluies.
                  Les  guêpes  aussi  tuaient  nos  bonnes  abeilles  qui  butinaient

                  allègrement les fleurs de notre verger.
                         Une autre nuit, nous avons entendu un bruit de lutte dans la

                  propriété. Au petit matin, nous avons retrouvé notre chien « Lacan »
                  avec une patte cassée.

                          Les  adeptes  de  cultes  afro-brésiliens  « Macumbeiros »,
                  nombreux dans la région, aimaient déposer devant nos portes des

                  objets  symboles  fétichistes  et  représentant  des  divinités  obscures,
                  dont certains avaient soi-disant des pouvoirs maléfiques.
                          Dans  la  nuit,  les  bruyantes  incantations  de  nos  voisins

                  perçaient le bruissement permanent de la nature.

                         Nous avions décoré notre mur d’entrée avec des cornes de
                  bœuf.  Ce  qui  me  valut  d’être  appelé  par  certains  esprits  locaux
                  attardés, le « Diabo Françês ».

                          Le samedi et le dimanche étaient les jours du « forró », la
                  bruyante danse locale. Souvent, nous ne pouvions dormir qu'à partir

                  de cinq heures du matin tant le bruit était fort et insupportable.
                         Au Brésil, certaines petites routes sont dangereuses, on peut

                  être  attaqué.  Les  ânes  revenus  à  l’état  sauvage  meurent  souvent
                  écrasés. En ville, il faut être prudent et concentré pour conduire sa

                  voiture.
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