Page 153 - Des ailes pour le Brésil
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de « Cascavel »  pour  porter  assistance.  En  fin  de  compte,  le  soi-
                  disant  Australien  était  un  clandestin  nigérian  d'Abuja,  qui  s'était

                  réfugié à bord d'un cargo à destination du Canada. Notre Africain,
                  blanchi par les brûlures des rayons du soleil et les embruns, me

                  raconta au début de notre entretien qu’il avait aperçu des poissons
                  volants pendant son aventure maritime. « Flying Fish, flying fish »

                  était  son  leitmotiv !  Surprenante  prise  de  contact,  était-il  sain
                  d’esprit après ces épreuves dans l’eau salée de  la mer ou était-ce
                  l’effet du soleil ?

                     Après l’avoir réconforté le mieux possible, quand nous sortions de

                  l’hôpital, nous fûmes assaillis par la presse de la région et la police -
                  je dus leur expliquer pendant un long moment la triste mésaventure
                  du rescapé miraculé.












                                                                    Le miraculé Jack, au centre


                         À l'intention des journalistes, je dessinai sur le sable une carte
                  sommaire de l’Afrique et leur racontai le périple qu’il avait parcouru,

                  pendant plus d’un an, avant d’embarquer sur un bateau.
                         Sa présence à bord d’un cargo thaïlandais avait été découverte
                  alors que le navire était déjà au large, quelques jours après son départ

                  de Port-Bouët, port d’Abidjan en Côte d’Ivoire.
                         Le commandant du bateau, un Allemand, avait décidé de s’en

                  débarrasser au grès des courants, au large de nos côtes en le jetant à
                  la mer, attaché à deux grands bidons avec un peu de  nouilles et

                  quelques tranches d’ananas.
                         Les courants marins l’avaient ensuite fait dériver pendant trois

                  jours vers notre rivage, dans l’humidité, le froid et le soleil brûlant.
                  Les  amendes  infligées  par  les  autorités  canadiennes  si  elles
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