Page 158 - Des ailes pour le Brésil
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pas nous reconnaître par peur, je suppose, de se voir présenter une
                  reconnaissance de dette.

                           En 2009 nôtre voisine Yvonne, qui souffrait d’un cancer, me
                  demanda de « rentabiliser » sa propriété. Pour lui être agréable, je

                  plantais dans un terrain, 500 pieds de cajou précoces.
                  L'irrigation de la plantation fut difficile, car son terrain était en pente.

                  Heureusement, nous avions de l'eau et deux puits pour irriguer ces
                  petites pousses d’arbres.
                  Les fourmis avaient la fâcheuse habitude de prendre possession des

                  petits robinets qui irriguent les pieds de cajou.

                         L’agriculteur  nommé  « Fan »  était  supposé  déboucher  ces
                  tuyaux, mais il était plus intéressé par l’élevage de ses vaches et ce
                  travail de « déboucheur » ne lui convenait aucunement.

                  Bon  nombre de  pieds de  cajou sont morts par  manque d'eau et
                  d’entretien. Qu'est devenu ce qui fut une si belle plantation ?

                         Nous avions fait notre place dans la vie de la région au bout de
                  dix-sept ans, nous étions respectés et bien considérés.

                  Un Parisien bien de chez nous avait acheté, en bord de mer, pas
                  une, mais deux maisons à Caponga. À peine était-il arrivé, que la

                  deuxième nuit,  il fut agressé avec sa  famille et ensuite  dépouillé.
                  Nous dûmes leur porter secours à deux heures du matin.

                   Il avait la prétention de transformer la mentalité des pêcheurs du
                  village. Zorro était arrivé !

                   Ayant eu peur et étant affolé, il prit alors deux gardes du corps en
                  permanence.
                   Il avait la mauvaise habitude d'exposer ses signes de richesse. C’était

                  un joueur de poker invétéré et un optimiste impénitent sur l’avenir
                  et la richesse du Brésil. Il avait aussi acheté et réformé une veille

                  ferme, pour faire un centre touristique équestre pour ses amis qui
                  venaient y séjourner. Il avait fait connaissance avec le fisc brésilien,

                  car semble-t-il, il aurait omis de déclarer des valeurs foncières.
                         Mon grand-père avait, paraît-il, l’habitude de dire de ces esprits

                  infaillibles qui ne sont jamais sortis de chez eux, qu’il serait plus
                  judicieux pour eux de faire leur voyage autour de leur chambre en

                  France avant d’aller à l’étranger !
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