Page 160 - Des ailes pour le Brésil
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À 14 heures, pile, le lourd portillon d’entrée s’ouvrit, et tout le
monde courut se mettre à l'ombre des arbres, où plusieurs chaises
alignées nous attendaient.
Nous aperçûmes alors à l’entrée du bureau, au côté du consul
général, notre radieuse consule honoraire Fernande, de nationalité
brésilienne, vêtue d’une large robe rouge écarlate, froufroutante et
chaussée d’escarpins dorés.
L’homme entra le premier dans le bureau et en ressortit très vite
hurlant et gesticulant, vociférant une volée d’injures contre le consul
de Brasilia et menaçant de lui faire casser la gueule - ambiance
diplomatique !
Puis, le jeune couple entra, mais quand il réapparut, la femme
était en pleurs et semblait désespérée - son mari tentait de la
consoler. Ce fut alors notre tour. Inquiets et sur nos gardes,
perplexes, nous entrâmes dans le bureau.
Nous devions faire signer obligatoirement un document par ce
consul de Brasilia, apparemment aussi peu aimable que diplomate.
Cela se confirma dans les minutes qui suivirent. Quand je lui
demandai un renseignement concernant ma femme, sa réponse
claqua sèche et tranchante : « Ce n’est pas à vous de faire la
demande, c’est à madame ! » Il avait dû être militaire dans certains
services dont on parle le moins possible.
Fernande, « pour les amis », nous avait confié qu’un vieux
retraité solitaire lui avait avoué ne plus parler le français qu’avec son
chien. Cette confidence m’émut profondément.
C’est à la suite de cette révélation, qu’ensemble nous décidâmes de
créer une association, pour réunir l'importante communauté franco-
brésilienne de l’État.
Pour lancer l’association, nous réussîmes un soir, non sans mal, à
réunir environ deux cents personnes dans une boîte nommée Les
Pirates, lieu de plaisir préféré des touristes.
À ma grande surprise, mon discours réunificateur permit la
constitution de l’association. Cette initiative sera suivie plus tard de
la création d’un site du nom de « L’Association française du Ceará ».