Page 182 - Des ailes pour le Brésil
P. 182
Il est plus facile de s’adapter à la civilisation judéo-chrétienne de
l’Amérique du Sud et à sa culture, qu’à celle des pays du soleil levant,
que je continue d’aimer.
De nombreuses raisons différentes peuvent pousser au départ pour
le Brésil, et sûrement autant vous poussent à rester sur place, mais
l’essentiel est d’avoir le courage de le faire.
J’ai toujours éprouvé des sentiments pour le Brésil que j’ai du mal à
expliquer, sans doute liés aux premières années passées pendant
mon enfance à Rio de Janeiro.
Alors combien sont-ils ces Français de l'étranger, toujours plus
nombreux, qui se transforment en véritables immigrants ?
Et quel est leur véritable degré d’intégration ?
Après tout, le sentiment d’assimilation varie sûrement en
fonction des personnes.
Expatrié, résident ou immigré, il est possible de se sentir accepté tout
en gardant sa différence.
« L'essentiel n’est pas de vivre longtemps, mais de vivre
pleinement » d’après Sénèque.
Pour ma part, je suis arrivé au Brésil en 1940, avec un statut de
réfugié à l’âge de trois ans, et je suis revenu en 1998, comme
« immigrant ou expatrié Gringo ».
De toute façon, grossièrement, c’est du même panier, il n’y a que le
nom qui change pour les Brésiliens.
Il ne faut jamais oublier que nous ne sommes ici que des immigrés,
même si le mot est moins exotique qu’expatrier.
Serais-je un « Indiana Jones » des temps modernes ?
Je ne le crois pas.
Question existentialiste : qu’aurais-je accompli de mieux si j’étais
resté en France et que serais-je devenu – aurais-je fini ma vie dans
une maison de retraite ?
Heurs et malheurs sont sans aucun doute une mise à l’épreuve dans
la vie, comme je l’ai appris dans ma jeunesse chez les jésuites.
Chaque jour est une nouvelle épreuve. L’actrice américaine Vivien
Leigh qui a accompagné ma jeunesse disait « After all tomorrow is
another day » dans le film « Autant Emporte Le Vent ».
CHAPITRE XXII.
L’histoire de la ville de Natal, l’Aéropostale, la guerre 1941.