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excellence 18_Charte_Excellence 10/05/2018 16:45 Page 9

Et si vous aviez eu votre enfant
dix ans plus tôt… ou plus tard ? Témoignage
Auriez-vous été plus insouciante Sohpie, 29 ans, une fille, Kenza
ou plus sereine ?
« Kenza, c’est l’enfant du bonheur. Mon mari n’était ni pour ni
Enquête, et témoignages de
contre. .Moi, je me sens dans la plénitude personnelle et profes-
femmes qui ont traversé ces trois
sionnelle, et je deviens une mère très gaie.
âges de la maternité.
Je me découvre une créativité nouvelle, et je m’investis à fond
dans les activités de mes enfants.J’ai le sentiment d’assurer sur
tous les fronts.

pause mantes sur tous les fronts, celui du travail,
« J’ai pris en même temps dix ans de moins de la séduction, d’une progéniture parfaite.
et dix ans de plus ! » confie Sonia, qui a mis Le regard que ces mères mûres portent sur
au monde son premier enfant à 39 ans. ces enfants du couchant fait écho à ce qu’on
À cet âge-là, l’ombre de la ménopause, qui appelait « l’amour maternel évolué », la
est déjà le lot de leur mère. Ce sont des mère doit avoir atteint un niveau de matu-
grossesses où l’angoisse de la mort est rité assez exceptionnel au point de vue
beaucoup plus prégnante. émotionnel.
Nombreuses aussi sont celles qui ont déjà Elle doit également ne plus être tout à fait
« assouvi » leur désir de procréation mais jeune pour être dégagée du besoin de plaire
se posent la question d’un petit dernier. à son mari par l’intermédiaire des enfants.
Les femmes plus âgées sont connues, dans Et c’est vrai que des maris et des pères, ces
toutes les civilisations, pour montrer un femmes en parlent très peu…
connu, ou pas, la jouissance, elle peut s’as-
amour plus tendre aux derniers-nés Sou-
sumer.
vent, elles estiment que cet enfant a béné-
À ce moment, le désir partagé d’un enfant
ficié de la meilleure maman, et de la
va être un beau moment de la vie. Khaltoum Dridi
meilleure place dans la famille, protégé des
Les trentenaires se sentent dans leur splen-
rivalités. Leur fatigue et le relâchement de
deur. Le regard de la société et des proches Témoignage
certains principes éducatifs sont compensés
les installe comme des mères qui savent, Sarah, 39 ans, un fils, Adel
par la présence d’aînés, qui font office
capables de faire les bons choix, protégées
d’initiateurs, un peu comme dans une tribu.
des pressions que subissent les « trop » « J’ai 39 ans, il me reste vingt
Plus que de surinvestissement, elles témoi-
jeunes, soupçonnées d’immaturité, et les « ans à travailler, les enfants vont
gnent d’une forme de « détachement bien-
trop » vieilles, accusées de se faire plaisir. partir. Je me fais plaisir, je me
veillant, de patience, d’humour » qu’elles fais un petit. Je mets leur père
40 ans : l’ombre de la méno- n’avaient pas forcément avec les aînés. devant le fait accompli. Il est
Elles n’essayent plus d’être les plus perfor-
content, il aime vivre en famille.
Je ne me pose aucune question
sur l’âge, je suis persuadée que
Témoignage je serai d’attaque jusqu’à 86
Salma, 22 ans, une fille Yomna ans. Ma grossesse est pénible;
j’accouche sous péridurale. Je
« C’est en 1968, pendant les événements de mai, que l’on décide deviens une mère fatiguée,
d’avoir un enfant. J’ai 21 ans. Je ne me sens pas trop jeune, je veux mais comblée. J’ai ma tribu, et
me démarquer de ma propre famille, fonder la mienne. J’ai passé toute Adel est élevé, cajolé par son
ma vie à m’occuper de mes onze frères et sœurs, et ce bébé va mar- frère et ses sœurs. C’est l’en-
quer mon territoire, me prémunir de leur intrusion. Me protéger. Je suis fant qui m’a demandé le moins
heureuse d’être enceinte, je travaille, la vie est pleine de promesses. de travail, celui qui occupe la
J’annonce à mes parents la naissance de Yomna le lendemain d’un ac- place en or au sein de la fa-
couchement extrêmement pénible. mille.

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