Page 41 - Mon Anarchie
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Savoir se donner à tous et à tout
                                          sans dépendre de rien ni de personne



                           J’ai déjà parlé vers le début de profit de la vie et d’addictions, mais je voudrais aller
                   plus loin, car qui dit Anarchie dit Liberté, et qui dit Liberté dit indépendance.Mais la vraie
                   indépendance est difficile à atteindre et à garder, d’autant sans tomber dans le piège de l’in-
                   sensibilité ou de l’apathie. Et ça ça demande une souplesse, un détachement, un recul ex-
                   traordinaire. Il y a pourtant une clé: la vie n’est qu’un jeu. Quoi qu’il arrive on t’en fera pas
                   un deuxième, et dans tous les cas rien, si ce n’est ta conscience et ta raison, ne t’empêche de
                   donner de toi et de t’offrir les plaisirs simples de la vie.
                   Pelloutier disait: «L’Anarchie est simplement l’art de se cultiver et de cultiver suffisamment
                   les autres pour que les hommes puissent se gouverner et jouir eux mêmes». Donc encore se
                   permettre ce qui fait du bien, et l’accorder aux autres quitte à se priver momentanément, ma-
                   tériellement mais aussi simplement au niveau du don de soi. Mais qui dit échange dit sou-
                   vent habitude, redevabilité, liens affectifs parfois, et c’est là que ça se complique.
                   Si le service est louable et devrait aller de soi, l’habitude du service réciproque (ou pas) peut
                   créer une interdépendance. A trop être dans l’échange une dépendance se crée, qui au final
                   fait deux malheureux.
                   Au delà de ça, dans l’absolu bien sûr, rien ni personne ne doit éloigner, «corrompre» l’Anar-
                   chiste de son Idéal: pas même ta propre mère, ni ton travail, ni ta situation ou ton sandwich
                   préféré: l’enjeu a trop d’importance.
                   Les diverses pertes et dissociations doivent bien sûr faire réfléchir, car où il y a perte il y a
                   échec, mais la ligne directrice doit perdurer, transcendant ce ou ces échecs, le deuil est juste
                   mais le combat continue.
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