Page 38 - Mon Anarchie
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Réinsertion par le travail:
mythe ou réalité ?
On m’arrête plus (de toutes façons on m’a déjà arrêté mdr). Article à rapprocher de celui sur
la prison et celui sur les communautés.
Dans mon anticarcéralitude forcenée et revendiquée, certains des plus fins m’ont demandé: D’ac-
cord, mais les mecs si on les met pas en prison on en fait quoi ? On a d’ailleurs eu le débat sur un
forum anarchiste, car en interne on se pose les mêmes questions...La seule différence c’est qu’on
trouve des réponses. More (encore lui) parlait de «travaux forcés», la justice elle propose dans cer-
tains cas de petite délinquance (vol de poules et recel d’oeufs quoi) des «travaux d’intéret général».
L’un comme l’autre ne fonctionne pas, simplement parce que l’aspect pédagogique est absent, c’est
toujours du STO, basé sur la répression, voire en étant gentil sur la «réparation». Partout la même
erreur: tu devrais par ce travail expier ta faute envers la société. Mais wtf ? Si t’as volé ou blessé un
particulier pourquoi t’aurais une dette envers la société entière ? C’est injuste et malsain. Personne
ne peut porter un poids pareil, personne. D’où qu’il en ressort de l’incompréhension, de la peur, de
la haine, systématiquement. Quelle que soit la sanction le problème est l’idée même de sanction.
S’il fallait une réparation de personne à personne, plusieurs solutions sont possibles. Indémniser, de-
mander pardon, tenter de rétablir le tort causé par un service rendu ou autre, tout dépend de la situ-
ation. Mais faire de la prison, du bracelet, des tig pour mettons un vol de poireaux dans un jardin, ça
lui rendra pas ses poireaux au paysan. Dans tous les autres cas c’est le même problème.
Reste la question de la réhabilitation justement. S’il y a eu un dérapage, c’est qu’un truc a cloché à
un moment donné. Oui, un tort a été commis, mais plus envers soi même, envers sa conscience, et
en parallèle un décalage préexistait. Tu as fauté car tu n’étais pas à ta place ni envers toi ni envers
les autres. Et ça une certaine forme de travail, accompagnée de soutien et d’une réflexion person-
nelle, peut rétablir l’équilibre. On en revient au travail en temps que réalisation de soi dont parlait
Marx.
Il s’agirait donc, dans un cadre sain (à la campagne auprès des animaux, par exemple) d’apprendre
à se sentir utile, de réapprendre simplement qu’on peut être bon, qu’on n’est pas un déchet. Exacte-
ment l’inverse de ce que fait la «justice»...bande de connards, la culpabilisation n’a jamais sauvé
personne ! Des essais concluants ont été faits dans ce sens là, parmi les plus connus la Bergerie Fau-
con de Guy Gilbert. Si ça marche pour un cas ça marche pour 1000, mais ça n’amène pas de fric à
l’Etat. Si j’étais médisant j’en viendrais presque à croire que l’Etat ne cherche pas à enrayer la dé-
linquance, mais à s’enrichir dessus...Enfin je dis ça je dis rien... Mais oui la réinsertion par le travail
c’est possible, dans un cadre positif avec un but positif, pas dans l’idée de sanction mais de revalori-
sation. Tout comme la prison fait de l’homme une bête, ce genre de réinsertion là, faite de travail de
nature et d’écoute, peut faire d’une bête un homme. Et ce dans pratiquement tous les cas, de la pe-
tite délinquance au crime. Arrêtons de dire qu’il n’y a pas de solutions, on n’a pas la volonté de les
mettre en place c’est tout.