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HISTOIRE




                                               La chance sourit aux audacieux.


                  C ’ est souvent ce qu’ o n  dit après coup pour qualifier un succès militaire inespéré,

           comme l ’ attaque des Panzers dans les Ardennes en 1940 ou le débarquement en Norman-

           die, en ignorant souvent à quel point les vainqueurs ont travaillé dur pour limiter au minimum

           dans  leurs plans  les éléments  aléatoires. De  Market  Garden,  on  retient  souvent  la  bataille

           pour  s ’ emparer  du  pont,  immortalisé  en  1977  dans  le  film  un  pont  trop  loin  avec  Sean
           Connery.  Comme  si  l’ o pération  se  résumait  à  une  demi-défaite  due,  essentiellement,  au

           manque de réussite. Il n ’ en est rien. L ’ échec de Market Garden et, au-delà, l ’ écroulement

           du grand rêve de terminer la guerre avant Noël sont contenus dans l ’ organisation fracturée,

           dans les plans bâclés et, surtout, dans la croyance que l ’ arme aéroportée est un outil déci-

           sif. Market Garden marque de fait une rupture dans la pensée militaire. Jusqu ’ à l ’ été 1944,
           les  Alliés  avaient employé  les  paras  comme  des  commandos  ou comme  un  joker tactique

           destiné à favoriser des débarquements  (Sicile, Normandie, Provence ). L ’ opération tentée

           aux Pays-Bas du 17 au 25 septembre va au-delà. Après le débarquement réussi en Norman-

           die du 6 juin 1944, le débarquement à l ’ e mbouchure du Rhône, opération Dragoon à partir

           du 15 août 1944, et la libération étendue et relativement rapide de la France qui s ’ ensuivit,
           les Alliés occidentaux se sentirent encouragés à élaborer un plan risqué, qui promettait une

           fin rapide de la guerre. Ce plan prévoyait l ’ occupation du pont du Rhin à Arnhem et de plu-

           sieurs autres ponts sur les rivières et les canaux en amont par des forces aéroportées.  Il était

           clair que cela ne pouvait être possible que pendant une courte période et que c ’ était le plus

           grand risque de l ’ opération. Cette partie du plan s ’ appelait Market. Les ponts tenus par les
           forces aéroportées devraient alors être franchis par les forces terrestres le plus rapidement

           possible et l ’ espace gagné devrait donc être maintenu en permanence. Cette partie du plan

           s ’ appelait Garden. La traversée du Rhin, qui était un obstacle naturel et difficile à surmonter,

           devait permettre l ’ invasion de l ’ Allemagne en 1944.
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