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PRÉAMBULE
B / AUX ORIGINES DE LA PANDÉMIE :
L’ÉCOLOGIE
Zika, Ebola, dengue, Sras-1, coronavirus… Ces virus s’inscrivent dans la même lignée :
ils sont à l’origine d’épidémies mortelles et ont pour principaux facteurs l’activité hu-
maine qui porte atteinte aux écosystèmes. Depuis longtemps, les épidémiologistes
sonnent l’alerte. On assiste à une accélération ces 100 dernières années de la quantité
d’épidémies en circulation par rapport aux siècles précédents. Comme l’indique l’en-
tomologiste Philippe Grandcolas, auditionné le 2 avril : en 50 ans, nous avons vu les
maladies liées aux zoonoses, c’est-à-dire transmises des animaux aux humains, se
multiplier par 10 . On l’explique par la perturbation des écosystèmes qui crée de nou-
velles routes de contact favorisant ainsi le passage des virus ou bactéries des animaux
aux humains. Plusieurs facteurs contribuent à leur émergence et leur propagation .
Chaque objet de la vie quotidienne
peut être relié à de la déforestation.
Sylvain Angerand, Fondateur de Canopée
Premièrement la déforestation massive, avec 100 millions d’hectares de forêts tropicales
détruites entre 1980 et 2000 et 7 millions d’hectares de forêts primaires qui disparaissent
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chaque année . On dispose d’un faisceau d’indications et d’études scientifiques qui
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montrent que la destruction ou la dégradation des forêts tropicales favorise l’émergence
de problèmes infectieux. Par exemple, le VIH a été transmis à l’homme via le singe et
sa transmission a été favorisée par la dégradation des forêts du Congo. Le virus Ebola
s’est propagé au Libéria, en Guinée équatoriale, en Côte-d’Ivoire, là où la couverture
forestière a été le plus fortement dégradée, peuplée de chauve-souris, qui sont elles-
mêmes des réservoirs d’agents infectieux. 3
Quand on fait baisser la biodiversité,
on augmente le risque d’émergence de virus.
Pascal Boireau, Directeur de laboratoire
La forêt a un rôle protecteur de biodiversité. Sa destruction ou sa conversion en mo-
noculture produit un déclin d’espèces et modifie le climat régional. Ces bouleversements
participent à l’émergence des virus. L’exemple de la maladie de Lyme, développé par
Sylvain Angerand en audition, illustre le phénomène : celle-ci est portée et transmise par
les tiques forestières. Plus on réduit la diversité dans l’écosystème forestier, plus les tiques
se multiplient et le risque de transmission s’accroît. La chasse du renard augmente la
population de rongeurs qui sortent en l’absence de leur prédateur. Les tiques s’accrochent
dans la population de rongeurs et sont transmises aux hommes. En conséquence,
préserver un écosystème diversifié garantit la dilution des agents infectieux dans
plusieurs espèces différentes, les rendant moins dangereux pour l’humain.
1 / Audition de Philippe Grandcolas, entomologiste, commission d’enquête LFI Covid-19.
2 / Audition de Sylvain Angerand, fondateur de l’association Canopée, commission d’enquête LFI Covid-19.
3 / « Contre les pandémies, l’écologie », Le Monde diplomatique, Sonia Shah, mars 2020.