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PRÉAMBULE
Dans le monde entier, les concentrations urbaines sont de plus en plus fortes. L’urba-
nisation forcenée couplée au développement de réseaux et des flux humains et matériels
participent également au rapprochement de communautés humaines et animales et
au passage de virus de l’un à l’autre. Les grandes concentrations urbaines suscitent une
production en masse de nourriture et favorisent des systèmes de production déséqui-
librés. La métropolisation du monde, c’est-à-dire l’intensité des flux et la densité extrême
des villes, en mettant en contact beaucoup d’humains, favorise la transmission rapide et
moins maîtrisable des virus. Dans le cas du Covid-19, la mobilité et l’intensification des
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échanges internationaux ont été décisifs dans la propagation du virus. Les infrastruc-
tures de la mondialisation jouent un rôle central, tel l’aérien qui comptabilise 3 milliards
de passagers par an. La région Île-de-France et celle du Grand-Est sont les aires urbaines
les plus touchées : elles sont également les plus denses et les mieux desservies en
infrastructures de transport. La pollution de l’air fréquente dans ces métropoles est un
facteur d’accélération de la transmission du virus, selon des études de chercheurs
italiens. Elle agit comme une autoroute de diffusion du virus.
Elle produit également un marqueur de classe : ce sont les populations les plus pauvres qui
y sont davantage exposées, car exclues des territoires où la qualité de l’air est meilleure.
Par exemple, le département de la Seine-Saint-Denis est le plus pollué de France et son
taux de pauvreté est deux fois supérieur à la moyenne nationale. À plusieurs titres, le virus
Covid-19 exploite les inégalités sociales et environnementales. La pollution de l’air pèse
différemment sur le taux de mortalité selon la catégorie de population concernée. Les
personnes vivant dans des quartiers pauvres ont déjà trois fois plus de risques de mourir
que la moyenne lors d’un épisode de pollution. Les personnes les plus vulnérables au Covid-19
sont celles qui présentent des comorbidités, comme l’obésité, le diabète ou les pathologies
respiratoires, favorisées par la pollution et l’habitat insalubre. Ces maladies sont plus
fréquentes chez les plus pauvres, privés d’une alimentation et d’un environnement sains.
Le dérèglement climatique va pousser certaines
espèces à aller en dehors de leurs milieux.
Isabelle Autissier, Présidente du WWF France
L’apparition de ce type de maladies s’accélère avec les effets à venir du changement
climatique : il affecte la biodiversité, redistribue le nombre d’hôtes infectieux, transforme
les zones de contact entre la faune sauvage et l’Homme, modifie la pluviométrie qui peut
avoir une influence sur les vecteurs de transmission du virus, comme les moustiques par
exemple. Des chercheurs de l’université Georgetown, à Washington, estiment que d’ici 2050,
un milliard de personnes pourraient être exposées aux maladies comme la dengue, le virus
Zika ou le chikungunya, en raison du réchauffement climatique . Le dégel du pergélisol,
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qui pourrait perdre 70% de sa surface d’ici 2100 selon le GIEC, pourrait réactiver certains
virus disparus ou inconnus.
La gestion par les intérêts privés
est prépondérante.
Isabelle Autissier, Présidente du WWF France
6 / « La métropolisation du monde est une cause de la pandémie »,
entretien avec Guillaume Faburel, Reporterre, 28 mars 2020.
7 / https://gumc.georgetown.edu/news-release/a-billion-people-will-be-newly-exposed-to-diseases-like-
dengue-fever-as-world-temperatures-rise/#.