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        PARTIE I



                                     Avant la crise, le système de santé était déjà
                                   sous tension, et chaque hiver, chaque été, et à
                                   chaque période de vacances, nous manquions

                                   déjà de lits en réanimation.

                                   Christophe Prudhomme, Porte-parole de l’Association des médecins urgentistes
                                   de France


                           Ces fermetures frappent bien sûr en priorité les zones rurales . Les logiques de regrou-
                           pement augmentent les distances vers l’établissement de santé le plus proche, pouvant
                           se traduire par une impossibilité d’accès aux soins, des accouchements en urgence et
                           parfois des drames. En février 2018, une femme enceinte de huit mois a perdu son
                           bébé à l’hôpital de Die dans la Drôme, n’ayant pas eu le temps de rejoindre la maternité
                           la plus proche. Alors que 85 femmes meurent d’une cause liée à la grossesse ou à l’ac-
                           couchement chaque année, la moitié de ces décès sont considérés comme « évitables »
                           selon Santé publique France. Ces fermetures touchent aussi les zones urbaines. Alors
                           que les services hospitaliers de l’Île-de-France ont été rapidement surchargés, les lits
                           des hôpitaux parisiens de l’Hôtel Dieu et du Val de Grâce, fermés ces dernières années,
                           auraient été bien utiles pour faire face à la pénurie.

                           Mais les restrictions budgétaires ne concernent pas seulement le nombre d’établisse-
                           ments et le nombre de lits. Le personnel médical, en sous-effectif, n’arrive plus à faire
                           face à l’augmentation de l’activité . Ces conditions de travail déplorables entraînent
                           souffrances psychologiques, épuisement, burn-outs . Malheureusement, il n’y a aucune
                           compensation ni reconnaissance financière, car qui dit moindre coût dit économies
                           sur les salaires : malgré l’augmentation d’activité constante de l’hôpital jusqu’en 2017
                           (+16% entre 2009 et 2016), les salaires restent bas, plaçant honteusement la France à la
                           28  place sur 32 pays de l’OCDE quant aux salaires du personnel soignant. Dès lors, si
                             e
                           les soignants du collectif Inter-Urgences réclamaient, en 2018, une augmentation
                           (refusée) de 300 euros, c’est en réalité 500 euros qui seraient nécessaires pour seulement
                           rattraper la moyenne des salaires de l’OCDE !

                                     Philippe et Buzyn ont continué à saigner

                                   l’hôpital public.

                                   André Grimaldi, Professeur émérite au centre hospitalier universitaire Pitié-Salpêtrière


                           C’est donc un hôpital public à bout de souffle qui verra fondre sur lui, en 2020, la crise
                           du Covid-19.

                                     L’hôpital cassé a abordé la pandémie.
                                   Et finalement, il a montré une prouesse parce

                                   que tout d’un coup, les gestionnaires, les grands
                                   pros de l’hôpital à flux tendu (le malade ne doit
                                   pas rester un jour de plus que nécessaire à l’hôpital :

                                   il rentre chez lui ou il part dans une maison de
                                   retraite ou un hôtel, tout ça doit être en continuum)
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