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PARTIE I
le manifeste « Pour un renouveau des soins psychiques » réclamait la revalorisation
du budget de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie, particulièrement touchée par les
effets de l’austérité budgétaire. Mais la politique budgétaire des ARS n’est définitivement
pas compatible avec les demandes des médecins et des soignants. Résultat : la vision
néolibérale de la psychiatrie vante « l’innovation organisationnelle » pour masquer
une réelle gestion de pénurie .
On assiste depuis des décennies
à une « catastrophe gestionnaire »
dans le domaine de la psychiatrie.
Mathieu Bellahsen, Psychiatre
Le manque de moyens et de matériels, le sous-effectif chronique du personnel induit
par la recherche d’économies entraînent en réalité une utilisation abusive des moyens
de contention et de l’isolement, dénoncée par les soignants. La disparition de structures
d’accueil crée même une forme de délocalisation des patients qui vont remplir les
institutions d’autres pays, en Belgique par exemple. C’est une véritable ubérisation
des soins psychiatriques, qui s’intensifie encore sous le mandat d’Emmanuel Macron.
Une nouvelle réforme du financement de la psychiatrie est en cours d’étude depuis
2018. Prévue pour 2021, elle n’est pour l’heure nullement remise en cause. Sans surprise,
elle préconise le développement de l’ambulatoire (évidemment moins onéreux mais
inefficace s’il n’est pas accompagné par le développement de structures d’accueil pour
le suivi) et la télémédecine. Elle prévoit aussi une convergence des modes de finance-
ment du public et du privé, autrement dit l’instauration, à terme, d’une forme de T2A
psychiatrique.
C’est un détournement de fonds publics
pour ouvrir à une offre privée.
Mathieu Bellahsen, Psychiatre
Alors que la population compte un quart de personnes âgées de plus de 60 ans (INSEE,
2017), l’hôpital entreprise laisse également sur la touche nos anciens . On compte 1,2
million de bénéficiaires de l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), dont 60%
sont à domicile et 40% en établissement. Mais les EHPAD, véritables symboles de la
marchandisation de la santé, souffrent de sous-effectifs chroniques. Temps millimétré
pour les toilettes, les repas, peu voire pas de temps pour le contact humain et l’écoute :
le personnel soignant des EHPAD réclame depuis des années que le ratio soignant-résident
soit augmenté afin de pouvoir assurer une prise en charge digne de nos aînés. Ainsi le
rapport d’information de Caroline Fiat, en date du 14 mars 2018, préconisait déjà d’aug-
menter ce ratio de soignants par résident et même d’imposer une norme minimale
d’encadrement dans les EHPAD . En l’état actuel des choses, les professionnels des
EHPAD sont particulièrement sujets et sujettes à des épisodes de dépression, à des
accidents du travail et dénoncent régulièrement la « maltraitance institutionnelle »
que subissent les résidents.