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PRÉAMBULE Ainsi, nous créons les conditions écologiques propices aux nouvelles épidémies en
maintenant une agriculture industrielle, productiviste qui détruit l’écosystème, une
urbanisation à marche forcée qui détruit les habitats, un laisser-faire face aux trans-
nationales qui détruisent les forêts et les ressources naturelles. La période que nous
traversons doit nous permettre de tirer des enseignements majeurs : le capitalisme et
le productivisme, parce qu’ils épuisent la biodiversité et transforment le vivant
comme une marchandise, ont favorisé l’émergence du virus et affaibli nos sociétés
dans leur capacité à y faire face. Mais il serait pour autant naïf de penser que les gros
pollueurs ne chercheront pas à utiliser la crise pour reporter les mutations écologiques
aujourd’hui indispensables. Il serait inconscient de ne pas se préparer à ce que les rapaces
en profitent pour faire main basse sur des ressources naturelles bradées par des pays
asphyxiés financièrement. Cela a déjà commencé quand, en Équateur, l’effondrement
du cours du pétrole a conduit l’État à confier une grande partie de son territoire et de
sa forêt à ses créanciers chinois. Il y a donc une hypothèse sérieuse qui veut que la crise
se traduise par une augmentation de la pression sur nos écosystèmes.
Mais elle peut être aussi l’opportunité d’opérer la bifurcation écologique dont nous avons
tant besoin : à nous de convaincre pour cela que le coronavirus n’est qu’une première
secousse des grands bouleversements écologiques à venir .
Cette crise est l’occasion de s’interroger
sur la morphologie de nos économies
pour les confronter à la crise climatique,
qui est la crise structurelle et matérielle
de notre époque. Comment on va, non pas
relancer, mais reconstruire l’économie,
investir massivement dans les secteurs
de la transition, comment on réorganise
notre rapport à l’emploi car il faudra faire
des restructrurations industrielles pour faire
face à la crise écologique, comment on repense
notre rapport à la monnaie, au commerce,
à la réglementation. Il y a un basculement
de l’opinion publique qui se rend compte
que nous sommes dans un système injuste
mais aussi irrationnel.
Clément Sénéchal, Chargé de campagnes politiques climatiques à Greenpeace