Page 15 - Lux in Nocte 4
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             marial au XIII  siècle et il sera repris, pour la première fois en sculpture, au portail de Senlis.
                    La partie haute du portail représente le monde céleste. Au tympan, sous la courbure de
             l’arcade  en  M  (M  comme  Maria  ?),  est  sculpté  en  ronde  bosse  le  triomphe  de  la Vierge  déjà
             couronnée. Jésus bénit Marie, et tous deux assis sur leurs trônes paraissent converser. Le chrétien
             les sait mère et fils, mais un profane pourrait voir en eux la glorification du couple éternel, source
             de toute vie. Ils sont assistés d'anges bénissants dont certains sont montrés, avec humour, passant
             la tête à travers une lucarne. Aux voussures, ils sont entourés par une multitude de personnages  :
             les prophètes et les patriarches situés à l'extrados, et les ascendants de la Vierge occupant les trois
             rangées intérieures. Les ramures de l’arbre de Jessé s’enroulent autour de la filiation humaine du
             fils de Dieu. Ils représentent la lignée : nous devons la vie à nos ancêtres et ils survivent en nous.
                    L'empyrée est séparé du monde terrestre par un épais listel, mais le lien se fait aisément
             par les thèmes du linteau : à gauche, la Dormition de Marie nous montre son âme, figurée par un
             petit être aux ailes repliées, extirpée et emportée au ciel par deux anges ; à droite, l’Assomption
             est matérialisée par le corps de la Vierge qui se lève, aidée par l'intervention des anges.


















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                 Le portail central de Senlis montre encore des traces de polychromie. Aquarelle sur vélin d’Arches


                    Les  statues-colonnes  de  l'ébrasement  prolongent  la  courbe  des  voussures  ;  elles
             représentent  des  prophètes,  piliers  symboliques  de  l'Église  et  annonciateurs  du  Nouveau
             Testament.  Hiératiques dans la statuaire romane, elles se libèrent de leur fonction de soutènement
             et se mettent en mouvement pour la première fois à Senlis  ; ce dynamisme ne fera d'ailleurs que
             s'amplifier  aux  portails  des  cathédrales  postérieures.  Autre  nouveauté,  les  personnages
             s'identifient  avec  des  caractères  propres  (Jérémie  porte  ici  une  croix),  à  la  différence  des
             inscriptions que l’on trouvait auparavant sur des phylactères. Il faut aussi imaginer le trumeau
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