Page 11 - Lux in Nocte 4
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souffrance mais notre dilution dans le rien, dans le néant, c'est-à-dire dans l’absolu,
dimension incompréhensible pour l’humain.
Quel Dieu pour nous aider ? Si nous sommes à son image, Lui aussi est à notre
image et on le charge de nos espoirs, de miséricorde, de pardon…Dans ce Requiem
j’ai du mal à trouver sa présence, et pourtant c’est une voix d’ailleurs qui m’a soufflé
ce texte ! Y’a-t-il des consciences dans les contorsions du vide aux frontières du
néant, au purgatoire ? Ce Requiem, par son « amusicalité » exprime le pressentiment
de la matière à l’approche de la mort. Libera me...
Le ciel se montre vide mais en mesure d’accueillir et d’amplifier nos sentiments,
nos états d’âme. Ainsi, l’enfer c’est nous ! Pouvons-nous accepter le fait que le
Créateur siège en nous et qu’il nous confie éventuellement le choix d’être l’enfer ou
le paradis ? Sommes-nous « matière » divine dans ce minuscule point de l’univers, la
Terre ? Les réponses gisent peut-être en nous mais que sommes-nous et comment
accéder à nos entrailles ?
Que des questions ! Mais si nous, nous ne les posons pas, ce n'est pas puisque
nous avons la réponse mais par peur de de vivre une morte indescriptible comme 11
dans le Requiem de Verdi.
Ce Requiem est unique mais comme tous les requiem reste d’actualité dans une
atemporalité absolue en tant que voie de libération céleste.
Comment se reconstruire après l’écoute de cette œuvre ? En écoutant une variante
musicale plus ensoleillée, plus calme et plus réconfortante, évoquant une finitude
versaillaise qui habille le texte traditionnel du Requiem de Jean Gilles.
Cette œuvre fut jouée pour les funérailles du compositeur le 6 février 1706 à
Toulouse. Jean-Philippe Rameau et Louis XV ont été accompagnés par la
même musique dans la marche vers leur dernière demeure, là où le temps passe
autrement.
Si non, il nous reste l'amnésie, triste prélude la à mort, ou le sommeil, car une
inexistence chasse l’autre. Ces solutions peuvent nous aider à oublier les ténèbres
verdiennes à condition de ne pas réécouter l’œuvre et devenir addict à l’au-delà soit-
il si sombre et funeste.
Extraits: Requiem de Verdi - V. de Sabata, La Scala 1954. Requiem de Gilles - Ph.Hereweghe, You Tube 2012