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Le Requiem – musique de circonstance pour la période 1914-1918




                                                                             Epaminondas Chiriacopol

                 Dans la panoplie de la musique funèbre chrétienne dont le cadre principal est la
                musique sacrée, le titre le plus utilisé concernant la mort est le Requiem. Dans le

                répertoire assez fourni de messes d’enterrement un « moment » musical particulier,
                terriblement  original  malgré  l’utilisation  du  texte  traditionnel  est  le  Requiem  de
                Giuseppe Verdi (1813-1901), compositeur italien appartenant au courant romantique
                et  se  déclarant  athée.  Mais,  un  italien  ayant  eu  des  fonctions  représentatives,

                profondément  attaché  à  sa  nation,  né  et  éduqué  dans  un  cadre  naturellement
                religieux, jugé et admiré par un peuple croyant, peut-il être vraiment athée ?
                 Le  Requiem  lié  à  l’angoisse  universelle  de  la  mort  est  une  voie  de  relative

               adaptation à ce stress en essayant de nous consoler et en nous suggérant qu’à travers
               les prières le défunt trouveras un monde de paix éclairé de lumière éternelle…  Si,
               généralement le texte est prioritaire et la musique le suit dans les intentions, il en est
               tout à fait autre chose dans le Requiem de Verdi.

                 Le  choix  de  cette  œuvre  est  personnel,  mais  les  quelques  commentaires  qui
    8          suivent, pourront peut-être éveiller l’intérêt du lecteur ou justifier une fois de plus

               l’ écoute    de cette œuvre. Pour moi, le Requiem de Verdi évoque à travers son langage,
               son expression sonore originale au-delà du texte habituel, la liberté absolue, l’évasion

               non voulue de soi-même et du monde à travers la mort vers le néant ; un endroit
               infini meublé de rien qui amplifie outrageusement les bruits de nos angoisses et qui
               rend dérisoire toute sentimentalité et recherche de référentiel humain. Parfois, on a

               l’impression que même Dieu s’absente.
                 Je  ne  compte  pas  faire  une  analyse  de  l’œuvre  pas  à  pas  mais  juste  rappeler
               quelques moments qui m’ont particulièrement impressionné.
                  Dans cette œuvre on échappe à la mélodie. Au début, Requiem aeternam donna eis…
               des fragments musicaux mystérieusement enchaînés nous amènent dans une irréalité

               céleste dont Verdi avait les codes (Pace, pace mio Dio – La forza del destino) et fait
               taire  en  nous  toute  velléité  identitaire.  Nous  ne  sommes  personne,  mais  nous
               constituons ensemble, un tout silencieux ailleurs. Requiem...









               Pour l’instant, l’atmosphère est vaguement coloriée, d’une diaphane incertitude
               survolée par une indicible promesse et attente.  Dépersonnalisés, nous attendons le
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