Page 43 - Neant
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4. C’est sympa... au début
À L’intérieur, c’est un peu mieux, la musique y est en-
core plaisante, et les effets de lumières crées par les
spots bon marchés qu’ont achetés les organisateurs
créent une ambiance assez sympa. Cool, je vais enfin
m’amuser ! Le plaisir sera de courte durée, les sons
s’enchainent et se ressemblent tous, on ne voit rien,
on est serrés comme des cons, il fait bien trop chaud
car il n’y a aucune ventilation, et je suis à court d’al-
cool. Je décide donc d’aller en acheter, car oui, dans
un coin de la grande pièce se trouve une montagne
de canettes de premier prix, qu’un des organisateurs
veut bien me vendre 3fr l’unité. C’est cher pour des
canettes achetées le matin même dans un super-
marché, mais ça fera l’affaire. Tout heureux d’avoir
des bières, je me faufile dans la foule afin de retrouver
mes potes restés danser, et là, inévitablement, je ne
les trouve plus. Merde. Je relativise : ce sera l’occa-
sion pour moi de rencontrer des adeptes de ce milieu
techno. Peut-être était-ce moi qui ne connaissais pas
leur langage, mais ils étaient peu bavards. La plupart
étaient complétement défoncés, ils ne disaient pas un
mot, ils étaient à fond dans la musique, que je com- « On est où là ? Ya un clodo là-bas ptetre il sait où c’est. »
mençais à trouver chiante à mourir. Étrange, chacun était dans une sorte de
transe, ils composaient tous ensemble une vaste foule de jeunes, mais chacun
était seul dans son trip, isolé, asocial comme jamais, un comble pour un jeune
fêtard.
5. Musique de défonce-man
S’en est trop, je sors, je vais appeler mes potes ! Pas de réseau. Eh oui, ils sont
encore perdus au milieu de la foule, sous des tonnes de béton, normal qu’ils ne
puissent pas recevoir d’appels. Je décide donc de faire un tour dehors, peut-être
qu’ici les gens seront plus sympa. Énième désillusion, cette fois ci ils parlent,
mais je préférais quand ils gardaient le silence. La plupart sont des petits snobs,
ils s’habillent d’une façon bien particulière, se comportent de manière hautaines
car sont persuadés que plus on est sombre, mystérieux, et chiant, plus on pèse
dans ce milieu. J’assiste donc à un défilé de long manteaux noirs, de crânes
rasés, de baskets faussement vintages achetées 200 dollars sur EBay, et de
sacoches Lacoste. C’est sans compter le nombre de gamines même pas ma-
jeures se pavanant habillés mais tout de même à poil, allant de groupe en groupe
discuter avec des types pour tenter de chopper des pilules gratuites, et ça ne
m’étonnerais même pas qu’elles soient prête à manger du chibre pour un demi
trait de coke. Tout ici me fait penser à Berlin, et d’ailleurs, tout le monde ne parle
que de ça, de quand ils y sont allés, dans quelles boites ils ont réussi à rentrer,
et de toutes les sortes de drogues qu’ils y ont pris, se prenant ainsi tous pour les
plus gros connaisseurs de la culture techno, alors qu’il y a deux ans ils écoutaient L’entrée du
encore du Wiz Khalifa. Au fait, la seule chose qui est Suisse la dedans, c’est le parking, on y
nombre de ruminants qu’on y trouve. En effet, l’ecstasy et autres dérivés des a même trouvé
Amphétamines récréatives ont cette fâcheuse tendance à vous faire «mailler» un caca.
comme le disent les habitués, soit avoir une crispation dans le mâchoire telle C’est des
qu’ils sont obligés de mâcher en permanence, d’une façon délicate et subtile animaux ces
donnant l’impression que ceux-ci essayent de se la décrocher en permanence. jeunes !
Une aubaine pour tout fabricant de chewing-gum.
6. La techno c’est d’la merde !
Le temps passe malgré tout assez vite, merci la bière, il est quatre heure du
matin, et je décide donc de rentrer, tant pis pour mes potes, je ferais le chemin
du retour seul. Plus de trams, plus de bus, plus rien, je passe donc plus d’une
heure à marcher seul dans une ville morte. Puis, après m’être perdu deux fois,
j’arrive à trouver la gare, et à monter par chance dans un train qui venait d’arriver.
Soulagé, je me dis que tout est fini, que je rentre enfin à la maison, que cette ex-
périence ne sera plus qu’un traumatisme, comme un cauchemar qui serait enfin
fini. Au fait, je suis tellement soulagé à l’idée de rentrer chez moi que je m’endors
comme un crétin sur mon siège crasseux, et me fait gentiment réveiller par un
contrôleur, à hauteur de Sion. Je passe salement pour un con, avec une belle
amende en prime Le pire, c’est que pendant ma douce nuit, on m’a tout volé,
sauf mes clefs et mon appareil photo, je pourrais au moins aller chialer dans mon
lit. Il est 5h30, je suis en plein Valais, il me faut donc maintenant rentrer tel un
zombie, à me sentir stupide au milieu des gens qui m’entourent, car eux, ils sont
debout tôt pour faire quelque chose de leur samedi, pendant que moi je dormirai
paisiblement. J’arrive finalement à neuf heures du matin chez moi, détruit par ma
soirée, démoralisé, et encore plus pauvre qu’un clochard. Je vous le promets, les Croiser des gens qui partent en vacances alors qu’on rentre de soirée,
soirées techno, c’est de la belle merde. c’est douloureux.
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Loïc Toth