Page 47 - ANGOISSE
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Paris, Palais de l’Elysée -13 Juin – 14H17



           Le  bureau  du  conseiller  en  communication  de  l’Elysée  n’avait  rien  de
        clinquant. Tout juste l’essentiel sans rien d’ostentatoire en comparaison de
        certaines pièces en dorures du Palais. Cela caractérisait assez bien l’homme
        qui le dirigeait dont la nature était de rester dans l’ombre pour mieux offrir la
        lumière à ceux qui faisaient, depuis plusieurs décennies, appel à ses services.
        Celui-ci attendait effectivement le Ministre de la Santé et le salua poliment à
        son arrivée. Rien d’agressif dans son attitude ne vint troubler cette première
        rencontre  comme  le  ministre  l’avait  secrètement  redouté.  L’homme  était
        affable et l’invita immédiatement à prendre place dans un fauteuil face à lui.
        - Je sais qu’en ces heures troublées, votre temps est précieux aussi je vous
        propose que nous allions directement à l’essentiel.
        - Je suis tout prêt à vous écouter.
        - Il y a eu, dirons-nous, une erreur de communication. Celle-ci pouvant jeter un
        trouble certain dans l’esprit du public et ce d’autant que votre intervention ce
        matin était radiophonique alors que le reportage diffusé par la Une montrait
        des images dont le poids est toujours plus important. Des images marquent
        plus facilement les esprits que des mots c’est ainsi. Il faut simplement le savoir
        et en tenir compte lorsqu’on veut communiquer.
        - Que suggérez-vous ? Que je passe à la télévision, sur une grande chaîne, lors
        du prochain journal d’infos ?
        - Surtout pas. Cette situation serait encore plus accablante à votre égard et par
        ricochet sur le Président de la République lui-même. Nul doute que dans ce cas
        les journalistes n’hésiteraient pas à stigmatiser votre discours dont certains
        passages seraient rediffusés avec en arrière-plan les cadavres alignés les uns à
        côté des autres. L’image en serait déplorable.
        - Même avec des journalistes « amis » ?
        - Il n’y a jamais de journalistes « amis » pour reprendre votre expression dès
        lors qu’il y a un scoop à réaliser. Ils sont tous modélisés de la même manière,
        à savoir obtenir l’info exclusive, celle qui sera ensuite reprise en boucle par
        tous les autres médias. Ne vous faites surtout pas d’illusions.

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