Page 42 - ANGOISSE
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même s’ils ont flouté les visages, des centaines de cadavres alignés les uns à
        côté des autres !
        - Je ne pouvais pas prévoir, commença-t-il à bredouiller avant que le Président
        ne l’interrompe.
        - Votre initiative a un impact absolument catastrophique ! C’est ça la réalité.
        Vous vouliez quoi exactement en acceptant cette interview sans que j’en sois
        avisé ? Vous faire mousser ? Qu’on parle de vous ?
        - Je vous assure, rien de tout cela. Je pensais simplement et sincèrement qu’il
        fallait rassurer nos concitoyens de manière à limiter ou supprimer les afflux
        massifs de personnes devant les portes de nos établissements hospitaliers.
        - Conséquence directe, les éditos des journalistes ne vont pas manquer de
        fleurir pour stigmatiser le décalage entre votre discours lénifiant et la réalité,
        nous faisant d’ores et déjà perdre toute crédibilité dans la gestion de cette
        crise.  Et  je  n’évoque  même  pas  les  commentaires  de  tous  nos  amis  de
        l’opposition qui ne manqueront pas de sauter sur cette occasion inespérée de
        nous casser du sucre sur le dos.
        - Souhaitez-vous ma démission Monsieur le Président ?
        - En d’autres circonstances sans aucun doute, asséna-t-il en lui jetant un regard
        de  braises.  Sauf  que  lorsqu’on  est  conscient  de  ses  responsabilités,  on  ne
        quitte pas le navire quand celui-ci commence à prendre l’eau. Vous allez par
        conséquent conserver votre poste et dès la fin de cette réunion je veux que
        vous alliez voir mon conseiller en communication, il est déjà prévenu et il vous
        attend, afin de voir de quelle manière on peut rattraper le coup. Ou du moins
        en limiter la portée. Si c’est encore possible.
           L’ambiance autour de la table était glaciale et selon l’expression consacrée
        « on aurait pu entendre une mouche voler ». Chacun faisait mine de consulter
        ses notes lorsque le Président rompit le silence.
        - Ce sujet est clos. J’aimerais maintenant que l’on passe à l’ordre du jour et j’en
        suis désolé Monsieur le Ministre de la Santé mais je vais devoir commencer
        par vous. Faites-nous un topo rapide sur ce que l’on sait, l’origine de cette
        foutue maladie, le nombre de décès, les mesures actuellement prises pour
        endiguer cette crise, etc…Tout ce qu’il faut savoir.
           Celui-ci reprit quelques couleurs en constatant avec bonheur que l’orage
        était maintenant passé. Il se lança sans hésitation en ayant la ferme intention

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