Page 43 - ANGOISSE

de reprendre la main. A défaut d’avoir totalement reprit contenance tant
l’humiliation subie l’avait profondément marqué.
- Je ne vais pas revenir sur la génèse de cette crise que tout le monde connaît
désormais. Ce que l’on sait, à l’heure où je vous parle c’est que dans toutes nos
régions, sans aucune exception, s’est produit le même phénomène. A savoir
les mêmes symptômes, nausées, vomissements, diarrhées, laissant à penser
au corps médical qu’il s’agissait d’une sévère intoxication alimentaire.
- Même d’une telle ampleur ?
- Face à l’afflux massif de patients dans un temps extrêmement court, la
priorité a été donnée au traitement et non à l’analyse. Ce qui n’a toutefois pas
empêché de réaliser divers prélèvements qui n’ont pour l’instant donné aucun
résultat. En conséquence l’origine de cette intoxication, puisque nous devons
encore la considérer comme telle, est jusqu’à présent indéterminée. Personne
ne s’attendait donc à ce qu’il puisse y avoir des décès. Du moins autant que
ceux que l’on peut malheureusement dénombrer actuellement.
- Puisque vous parlez d’actuel, à combien s’élève le nombre de décès
recensés ?
- Cela évolue de minute en minute Monsieur le Président et il est encore trop
tôt pour avoir les chiffres précis d’un véritable recensement. Il convient plutôt
de parler de fourchette estimative.
- Laquelle ?
- En venant jusqu’ici j’ai reçu un SMS de mon Directeur de Cabinet. Celui-ci
évoque une fourchette entre quatre mille et dix mille décès…
L’atmosphère devint subitement étouffante à l’annonce d’un nombre aussi
considérable de décès dans un espace de temps autant rapproché. L’estimatif
était véritablement apocalyptique et nulle crise dans le passé n’avait connu
une telle amplitude.
- N’y voyez aucune remarque désobligeante de ma part mais ces décès
concernent-ils plutôt des personnes fragiles ?
- Cette intoxication semble concerner toutes les tranches d’âge et tous les
sexes indifféremment. Si on excepte toutefois le constat que les nourrissons
ne semblent pas atteints dès lors qu’ils sont âgés de moins de huit à neuf mois.
- Ce qui semblerait plutôt logique, nota le Président, dès lors que l’on considère
qu’il s’agit bien d’une intoxication alimentaire.

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