Page 48 - ANGOISSE
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- Alors quelle idée avez-vous en tête ? Un communiqué de presse ?
- Non, même avec des mots choisis cela n’aurait qu’une portée limitée. Pour
lutter contre des images il convient d’utiliser les mêmes armes. A savoir
d’autres images.
- Mais vous venez de me dire que ce serait totalement déplorable si je passais
à la télévision.
- Je confirme mais ce n’est pas à cela que je pense. Le public a reçu un choc
brutal en voyant ces cadavres alignés. Ce sont des images que l’on accepte
implicitement dès lors que ce sont celles émanant de zones de conflits. Mais
que l’on rejette instinctivement, naturellement si celles-ci proviennent de
notre propre territoire. Laissant facilement à imaginer d’une part que l’on est
réellement en conflit sans que les autorités ne nous en aient informés et
d’autre part que nous sommes dans l’incapacité de prendre en charge les
patients. L’idée est simple, ce sont souvent les meilleures je peux vous assurer.
Réaliser en quelques heures un reportage dans lequel il ne sera présenté aucun
cadavre, pas même son ombre afin de montrer tout le travail réalisé par le
corps médical pour prendre en charge et traiter les malades. Il faut absolument
que l’on voie des blouses blanches, beaucoup de blouses blanches. Le public,
les sondages le confirment régulièrement, a majoritairement confiance dans
le personnel médical et ses implications pour préserver notre santé. Je ne dis
pas que cela permettra de totalement contrebalancer les images fortes des
nombreux cadavres mais du moins je pense que cela permettra nettement de
les atténuer.
- Sur le plan pratique concernant la réalisation de ce reportage, comment fait-
on ?
- J’ai déjà constitué une équipe technique avec l’aval du Président et ils
n’attendent plus que l’ordre de mission officiel, ici sur mon bureau, avec
l’entête du Ministère de la Santé, pour pouvoir travailler. Cela leur permettra
de disposer d’une sorte de sésame pour entrer dans les hôpitaux que nous
avons déjà ciblés.
- Où dois-je signer ?
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