Page 39 - ANGOISSE
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Pigastel, CHU -13 Juin – 13H18
- Je suis contente de vous voir.
Annie eut quelques difficultés à reconnaître le visage du Directeur qu’elle
côtoyait pourtant depuis tant d’années. Son visage était littéralement
transfiguré. Par la fatigue, par la douleur intérieure qui le dévorait de ne pas
pouvoir traiter ou même soulager ces centaines de patients qui s’accumulaient
maintenant au sein de l’hôpital et désormais dans les quatre gymnases
municipaux qui étaient littéralement bondés. Elle hésita par conséquent
quelques secondes avant de lui rajouter un poids supplémentaire alors que ses
épaules semblaient déjà voutées dans une posture qui le faisait ressembler au
vieillard qu’il n’était pourtant pas encore.
- Je ne vais pas de nouveau vous répéter que vous devriez absolument vous
reposer car vous ne m’écouteriez pas mais prenez au moins quelques instants
pour vous asseoir.
Le Directeur du CHU leva un œil fatigué dans sa direction puis se décida à
obtempérer.
- Voulez-vous que je vous prépare un café ?
- C’est gentil Annie mais je pense que j’ai déjà largement dépassé ma dose de
caféine pour la journée. Si je continue à ce rythme, c’est mon cœur qui va finir
par littéralement exploser. Déjà que je commence à avoir les mains qui
tremblent, il vaut mieux que je stoppe les dopants.
- Cela fait plus d’une heure que je cherche à vous joindre. J’ai laissé plusieurs
messages sur votre portable.
- Désolé mais je dois un peu courir d’un coin de la ville à l’autre depuis quelques
heures, lâcha-t-il sur un ton un peu acerbe.
- Ce n’était pas un reproche Monsieur le Directeur.
- Oui, pardon, fit-il dans un acte de contrition sincère. Ne m’en veuillez pas
d’être un peu à cran en ce moment.
- Ne vous inquiétez pas, je comprends parfaitement la situation.
- De toute manière je n’aurais pas pu entendre vos appels, je me suis rendu
compte juste avant d’entrer dans ce bureau que je n’avais plus de batterie.
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