Page 5 - ANGOISSE
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Pigastel, CHU -13 Juin – 02H55
- C’est quoi ce foutoir sans nom ? J’ai dû me faufiler entre des dizaines de
malades pour arriver jusqu’ici.
La secrétaire à l’accueil des urgences ne prit pas la peine de relever la tête
afin de lui répondre. Celle-ci était visiblement débordée et sans une solide
expérience acquise en vingt-cinq ans d’activité ininterrompue dans ce même
service, toute autre de ses collègues beaucoup plus jeunes aurait sans doute
craqué moralement. Devant elle une masse compacte de patients impatients
manifestait dans un brouhaha indescriptible. Vociférant des cris, des insultes
et parfois des menaces. Sans qu’elle ne puisse faire autre chose que manifester
son impuissance à s’occuper de chacun d’entre eux plus rapidement.
- Ce que je sais simplement, lâcha-t-elle pourtant avec une lassitude non feinte,
sans quitter toutefois des yeux son écran d’ordinateur, c’est que c’est comme
ça depuis plus de deux heures et qu’à chaque minute il en arrive de nouveaux.
C’est pour ça qu’on m’a demandé de battre le rappel des troupes. De toutes
les troupes.
- Ils sont là pour quelle raison ?
- Ah ça docteur, ce n’est pas mon boulot de poser un diagnostic. Je peux
simplement vous dire qu’ils souffrent tous apparemment des mêmes
symptômes. Sans compter, bien entendu, les traditionnels accidentés du
samedi soir. Côté positif. Il faut bien qu’il y en ait au moins un. Ceux qui étaient
venus pour de la bobologie, en voyant la file d’attente impressionnante, ont
préféré rebrousser chemin. Du moins je le pense pour la plupart d’entre eux.
- Merci et bon courage, lâcha l’interne de cinquième année en rejoignant les
salles de consultation. Tout en se demandant ce qui avait bien pu déclencher
une telle vague de malades. Et accessoirement la prochaine fois qu’il reverrait
la lumière du jour vu l’ampleur de la situation.
- Ah ! Tu tombes super bien, lâcha sans préambule une de ses collègues
traversant à grandes enjambées le long couloir au point où il éprouva de la
difficulté à la suivre.
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