Page 6 - ANGOISSE
P. 6
- Arrête bon sang de courir comme ça ! Je veux bien venir bosser alors que je
ne suis pas de garde mais j’aimerais bien être briefé un minimum.
Sa consœur stoppa net et se retourna vivement dans sa direction. Il se
rendit compte aussitôt que ses traits étaient tirés, alourdis par le sommeil.
- A la fin de ta garde de vingt-quatre heures, ils t’ont manifestement
réquisitionné, lâcha-t-il avec empathie.
- T’as tout compris. Mais pas le temps de tergiverser sur le sujet. Tu as
forcément vu toute cette foule qui attend qu’on s’occupe d’eux.
- Même en étant aveugle, on ne peut pas les louper.
- Alors tu enfiles ta blouse fissa. De toute manière nous devons nous réunir
dans moins de dix minutes pour faire un premier debrief dans la salle de
réunion à côté du bureau du patron. A ce moment là je pense que tu en sauras
à peut-être autant que nous, c’est-à-dire apparemment pas grand-chose pour
l’instant.
Lucas se rendit jusqu’aux vestiaires d’un pas pressé. C’était la première fois
qu’il était confronté à une situation d’une telle ampleur et il en éprouva une
certaine appréhension. Serait-il vraiment à la hauteur de ce qu’on attendait de
lui ? Mais comme Anne le lui avait indiqué, il n’y avait pas temps à perdre en
tergiversations inutiles. Pour l’heure, il convenait d’agir. Afin de soigner au
mieux un maximum de patients.
Il s’empara vivement d’une nouvelle blouse provenant de la lingerie.
Constatant avec dépit au passage que l’orthographe de son nom n’avait
toujours pas été corrigée. Il s’appelait DURANS et non DURANCE bon sang. Ce
n’était pourtant pas bien compliqué à comprendre.
Las de ses récriminations il se dirigea vers la salle de réunion en se
demandant ce qu’il allait découvrir. D’autres de ses collègues s’y rendaient
également et il leur adressa une rapide poignée de main. L’inquiétude se lisait
sur les visages de ceux qui étaient présents depuis l’arrivée des premiers
malades et aucun mot ne fut échangé. L’atmosphère était lourde, tendue et il
en ressentait presque physiquement toute la pesanteur sur chaque parcelle de
son propre corps.
Les blouses blanches sans distinction de sexe, de nationalité ou de religion
entrèrent dans la petite salle de réunion permettant à peine de les contenir
6