Page 7 - ANGOISSE
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tous. Seul assis, dans l’observation de ses quelques notes manuscrites, le
patron s’apprêtait manifestement à prendre la parole.
C’est la première fois que Lucas le voyait ainsi. D’ordinaire il observait un
homme empreint d’une autorité naturelle, d’un certain charisme
reconnaissaient certains, convaincu de ses absolues certitudes et maître de ses
émotions en toutes circonstances. C’était du moins le portrait de l’homme qu’il
avait tracé dans son esprit avant cette soirée. Celui qui était devant lui n’en
était plus qu’un lointain ersatz tant de manière palpable on ressentait les
doutes qui le tenaillaient. Au point de provoquer quelques tressaillements
nerveux agitant le derme de ses mains. Bien qu’il tentât maladroitement de les
dissimuler.
- Merci avant tout d’être tous ici présents en ayant répondu à ma demande.
Comme nous n’avons pas beaucoup de temps je vais aller directement à
l’essentiel en vous résumant la situation.
- Il y a maintenant un peu plus de deux heures, commença-t-il en toussotant
légèrement, se donnant de cette manière quelques secondes de répit pour
peser chacun de ses mots. Désolé, je disais donc qu’il y a deux heures nous
nous sommes retrouvés avec un afflux anormal de patients.
Lucas pensa qu’il s’agissait d’un doux euphémisme de parler d’afflux alors
que dans son esprit cela ressemblait assurément plus à une marée humaine.
Mais il s’abstint de toute remarque pour ne pas interrompre son patron.
- Les symptômes constatés sont en tous points identiques à l’ensemble des
patients, à savoir nausées, vomissements, crampes abdominales et diarrhées
sévères. Je sais que vous pensez tous sans doute à l’évocation de ces
symptômes qu’il peut s’agir d’une intoxication alimentaire. C’est la raison pour
laquelle j’ai demandé à tous ceux de vos collègues qui étaient présents au
début de cette « crise » de systématiquement interroger chaque malade sur
ce qu’il avait mangé au cours des dernières vingt-quatre heures et où ils
avaient mangé. Je vous demande par conséquent de poursuivre le même
protocole et de transmettre les données recueillies à Annie, mon assistante.
Nous essaierons d’en tirer des recoupements afin, si possible, d’identifier
l’origine de la « crise ».
Cela faisait la seconde fois que le patron évoquait le terme de « crise » et la
plupart se demandaient à quoi il semblait faire allusion. Bien entendu il y avait
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