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Paris, Direction Générale de la Santé – 14 Juin – 3h34
Les deux biologistes réquisitionnés pour la circonstance avaient les yeux
perclus de fatigue et ceux-ci ne tenaient encore ouverts que par un miracle
insondable. Leur vivacité d’esprit était toutefois intacte tant leur métier les
passionnait et plus encore aujourd’hui le rôle essentiel qu’on leur demandait
de jouer en tentant d’identifier la nature du produit toxique utilisé par les
terroristes.
Ils faisaient face, autour d’une table, au Directeur Général de la Santé en
personne qui attendait, avec à la fois impatience et appréhension, les résultats
de leur mission. Réalisée, il devait le reconnaître, dans un temps record. La
biologiste entama le débat immédiatement sans passer par les sempiternels
préambules qui ne constituaient à ses yeux qu’une perte de temps absolument
inutile.
- Avec mon collègue nous avons pris connaissance de tout le dossier que vous
avez mis à notre disposition, c’est-à-dire finalement assez peu de choses y
compris les analyses toxicologiques puisque celles-ci ne nous permettent pas
d’y déceler le début d’une piste sérieuse. Refaire de nouveaux prélèvements,
de nouvelles analyses ne servirait à rien dans la mesure où nous connaissons
le sérieux et la compétence des laboratoires qui les ont réalisés.
- En conséquence, reprit son collègue dans une partie de passage de témoin
visiblement concertée au préalable entre les deux biologistes, en l’absence de
données factuelles, il ne nous restait qu’à échafauder plusieurs hypothèses en
tenant compte notamment des paramètres suivants : les symptômes
manifestés par les patients, le délai d’action du toxique, les moyens de se le
procurer y compris avec une telle volumétrie si on considère que le même
produit a été utilisé sur tout le territoire européen et enfin la facilité avec
laquelle celui-ci a pu être mis en œuvre par un nombre nécessairement
important de personnes compte tenu de l’éloignement géographique entre les
zones de dispersion. Ce qui nous a conduit à la même conclusion. La ricine.
- La quoi ?
- La ricine Monsieur le Directeur, provient d’une plante que vous connaissez
sans doute. Le ricin, dont l’application la plus connue est l’huile de ricin.
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