Page 66 - ANGOISSE

médecin de donner un nom à la maladie qu’il devait traiter. Cela permettait de
lever une part du voile. Mais surtout, dans l’esprit du Ministre, il devait faire
passer un message d’espoir en faisant savoir aux soignants qu’ils pourraient
envisager la guérison totale de leurs patients dès lors que ceux-ci passeraient
le cap fatidique des trois à cinq premiers jours. En l’état actuel ceux-ci ne
disposaient d’aucune visibilité et il comptait bien les éclairer. Au plus vite.
Le Président, lors du conseil ministériel restreint avait fait savoir qu’il était
indispensable qu’il soit, selon ses propres termes, « informé à la minute de
tout élément nouveau » et le Ministre de la Santé, en attendant son Directeur
Général s’était conformé à l’instruction formelle reçue. Aussi avait-il cherché à
joindre l’Elysée grâce à sa ligne téléphonique directe et sécurisée. Au bout de
cinq minutes, une personne avait enfin décroché pour l’informer que le
Président n’était pas joignable, sauf urgence absolue, avait-elle précisé. Face à
son insistance et après de longues négociations, elle avait enfin consenti à lui
passer le Secrétaire Général de l’Elysée.
- Cela fait plaisir de pouvoir parler à quelqu’un qui va enfin m’écou…
- Que veux-tu ? Vociféra ce dernier après l’avoir brutalement interrompu.
- Je dois parler au Président, c’est important et c’est urgent.
- Ici tout est devenu important et urgent.
- Je répète. Je dois impérativement lui parler suivant ses propres consignes.
- Désormais j’en ai d’autres. Ne pas le déranger alors qu’il enchaîne les appels
à ses homologues européens depuis plusieurs heures.
- Pourras tu au moins l’aviser dès que possible que j’ai une information capitale
à lui communiquer.
- Je doute fort que je puisse le voir. Il est enfermé dans le bunker sécurisé et si
j’ai bien compris il n’est pas prêt d’en sortir.

- Que pensez-vous des informations communiquées par les biologistes et dont
vous m’avez relaté les détails ?
- Si vous voulez savoir si on peut se fier à leur hypothèse, pour être
parfaitement honnête avec vous, j’ai le sentiment qu’ils sont dans le vrai et en
même temps une part de moi-même refuse d’y croire en espérant qu’ils se

66