Page 67 - ANGOISSE

soient trompés. Le tableau dressé est tellement apocalyptique que je n’ose
penser que cela puisse être réel.
- Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je partage votre avis et pourtant
notre rôle est d’agir, ne pas rester les bras croisés. Je vais notamment envoyer
une instruction à destination de toutes les autorités administratives et
sanitaires afin de leur transmettre une note de synthèse rappelant tout ce qu’il
faut savoir sur la ricine. C’est-à-dire, globalement, tout ce que vous ont dit les
biologistes.
- Vous en avez bien évidemment avisé le Président ?
- J’ai tenté de le faire mais je crois que c’est peine perdue pour l’instant et nous
ne pouvons pas nous permettre d’attendre qu’il soit enfin disponible alors que
chaque minute compte pour sauver des malades.
- Vous en prenez par conséquent l’entière responsabilité ?
- Sans aucune hésitation ! Martela le Ministre avec force en pensant que son
interlocuteur cherchait ainsi à dégager la sienne.
- Ne vous méprenez surtout pas à mon égard Monsieur le Ministre. Je vais être
une fois de plus honnête avec vous. Je n’osais pas jusqu’à présent espérer un
tel comportement de votre part aussi suis-je heureux de constater que vous
êtes un vrai Ministre digne de cette fonction dans des moments douloureux
au cours desquels d’autres auraient sans doute abdiqué.
- N’en jetez plus je vous en prie, vous allez finir par me faire rougir, lâcha le
Ministre en adressant à son Directeur Général un sourire généreux.

Les deux hommes travaillant de concert mirent à peine une trentaine de
minutes pour rédiger la note de synthèse qu’ils cosignèrent avant que celle-ci
ne rejoigne le secrétariat pour une transmission immédiate à tous les services
concernés. Y compris « pour information » ceux de la Présidence de la
République. Ce ne fut que lorsqu’ils eurent terminé cette tâche que le Ministre
interrogea du regard son interlocuteur.
- Vous pensez que l’on a oublié quelque chose ?
- Dans la note de synthèse non. Par contre j’ai quelque chose qui me turlupine
depuis quelques minutes. Vous m’avez bien dit que le mode de diffusion de la
ricine employé par les terroristes était l’ingestion et non l’inhalation ?

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