Page 71 - ANGOISSE

Pigastel, CHU -14 Juin – 06H53

Le Directeur se réveilla en sursaut et voulut se lever immédiatement du
fauteuil où il s’était endormi. Mais le corps ne s’étant pas remis en
fonctionnement à la même vitesse que la pensée, il ressentit brutalement une
vive douleur au niveau cou. Tant bien que mal et plutôt mal que bien il essaya
de tourner la tête, ce qui eut pour effet de déclencher un petit cri de
souffrance. Celui-ci n’éprouva en revanche aucune difficulté quant au
diagnostic et comprit aussitôt qu’il venait d’être victime d’un torticolis dont il
était régulièrement sujet. Au même moment son assistante entra dans le
bureau.
- Heureuse de voir Monsieur le Directeur que vous avez pu vous reposer un
petit peu.
- En ce qui me concerne je suis beaucoup moins heureux car j’ai encore eu au
réveil un de ces foutus torticolis qui me laissent la nuque totalement raide. Et
de surcroît douloureuse.
- Quelle idée aussi de vous endormir dans votre fauteuil.
- Croyez bien que ce n’était pas mon intention. J’ai dû m’endormir comme une
masse au point où je n’en ai aucun souvenir.
- Vous n’avez pas suivi mes conseils. Je vous avais conseillé de vous allonger
durant quelques heures dans un vrai lit mais manifestement vous ne m’avez
pas écoutée.
- Et où aurais-je bien pu trouver un lit alors qu’ils sont tous occupés et que nous
n’avons rien trouvé de mieux que d’installer de nombreux patients sur des
brancards. Et je parle pour le Centre Hospitalier car côté gymnases c’est encore
pire puisque la Mairie n’a pu nous fournir que des lits de camps qu’ils devaient
stocker je ne sais où depuis un siècle, et je caricature à peine, tant ils sont dans
un état lamentable qui n’est pas digne d’accueillir des malades.
- Voyez au moins le côté positif. C’est toujours mieux que rien.
- Vous dîtes cela parce que vous ne les avez pas vus. Sinon, il est quelle heure ?
- Bientôt sept heures et puisque vous allez également me poser cette question,
sachez que vous avez à peine eu trois heures de sommeil.

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