Page 76 - ANGOISSE
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son poste ministériel mais il s’en contrefichait désormais totalement. La seule
        chose qui ait véritablement de la valeur à ses yeux étant de préserver la santé
        des Français. Son confrère de l’Intérieur d’un geste l’invita à poursuivre.
        - Le Président est injoignable. Il y a un véritable barrage qui a été mis en place
        pour empêcher tout contact avec lui.
        - Je confirme puisque j’ai moi-même tenté à plusieurs reprises, en vain, de le
        contacter  ce  matin  afin  de  lui  rendre  compte  des  derniers  événements,
        requérant de par leur gravité, un certain nombre de décisions urgentes de sa
        part.
        - La politique et le pouvoir ne sont pas mon souci actuel. En clair, je m’en fous
        absolument de savoir pour quelle raison il est ainsi confiné. A sa demande ?
        Contre son gré ? Est-il d’ailleurs encore vivant ? Je le répète, ce n’est pas mon
        problème. Le mien de problème c’est qu’en restant ainsi les bras croisés en
        attendant qu’il veuille bien sortir de son antre ou a minima échanger avec nous
        par téléphone, les minutes et les heures s’égrènent sans que rien ne bouge. Et
        la situation n’est pas urgente, elle est tout simplement impérieuse si l’on veut
        pouvoir préserver l’existence de dizaines, voire de centaines de milliers de nos
        concitoyens qui sont en danger.
        - Et ta question était ?
        - Ne devons-nous pas agir ?
        - Sous-entendu, si j’ai bien suivi ton raisonnement, agir seuls en se fichant
        comme de la guigne de la position du Président dans la gestion de cette crise.
        C’est bien à ça que tu penses ?
        - Contrairement à toi je ne suis pas juriste de formation mais j’ai malgré tout
        potassé un peu le Droit constitutionnel lorsque je suis entré au gouvernement.
        Sauf  erreur  de  ma  part  il  existe  une  procédure  d’empêchement  qui  rend
        impossible la poursuite d’un mandat ou d’une fonction en cas de maladie grave
        ou de disparition notamment.
        - Jusque-là tu as parfaitement raison. Sauf que d’une part cette procédure
        d’empêchement n’a encore jamais été appliquée mais surtout elle requiert la
        saisine  par  le  gouvernement  du  Conseil  Constitutionnel,  lequel  dispose  de
        l’autorité unique pour statuer à la majorité de ses membres sur le sort du
        Président.


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