Page 80 - ANGOISSE
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Le Ministère de l’Intérieur demeura dubitatif un temps qui parut
incroyablement long à son collègue de la Santé. Enfin il se lança.
- Si nous devons agir comme tu l’escomptes ne serait-il pas utile de s’adjoindre
l’aide d’autres membres du gouvernement ?
- J’y ai pensé mais d’une part cela nous ferait perdre beaucoup de temps et
d’autre part, cela nous ferait prendre le risque de faire capoter ce projet dans
la mesure où l’un de nos collègues que nous aurions contacté pourrait être
tenté de nous dénoncer. Dans ce cas nous pourrions au mieux espérer perdre
notre portefeuille ministériel, ce dont personnellement je me contrefous
totalement, et au pire nous retrouver entre les pattes de notre cher collègue
de la Défense chez lequel j’entrevois certaines arrière-pensées politiques en
profitant de cette crise d’envergure.
- Tu n’oublies pas tout de même que nous sommes en République depuis des
décennies alors que tu viens ni plus ni moins d’évoquer à demi-mots le fait qu’il
serait susceptible, en étant à la tête d’une armée acquise à sa cause, de réaliser
un putsch, un coup d’état militaire. Là tu délires complètement.
- Ce n’est pas le sujet pour l’instant mais dois-je te rappeler à mon tour que
l’histoire, y compris la plus récente, nous démontre que la démocratie n’est
jamais acquise et se doit d’être défendue en permanence.
- Bon, que devons-nous faire et comment ?
- Dois-je entendre par là que tu comptes être à mes côtés ?
- J’avais d’abord besoin de savoir quels étaient les enjeux et le moins que je
puisse dire c’est que tu sais être parfaitement convaincant. D’autre part ce
serait renier toutes mes convictions si je m’abstenais de t’aider.
- Parfait ! Pardonne-moi cette expression qu’utilisent les plus jeunes et qui n’a
rien de protocolaire mais cela me fait plaisir que tu sois « Déter ».
- Ce qui signifie ?
- Partant, chaud à bloc, super motivé.
- Et la suite du programme ?
- Actuellement nos concitoyens savent qu’ils peuvent être contaminés par un
produit toxique. Comme le Président a parlé, lors de son discours, de la
distribution de masques, ceux-ci peuvent légitimement supposer que la
menace viendra de l’air. En conséquence la nourriture ne fait l’objet d’aucune
source d’inquiétude. Il me paraît donc indispensable de les informer au plus
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