Page 81 - ANGOISSE
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vite que le danger réside dans leurs assiettes, dans tous les produits à base de
        porc. Les consignes étant de leur indiquer qu’il ne faut surtout pas consommer
        ces produits et s’en débarrasser dans des sacs plastique étanches en utilisant
        des  gants  jetables  lors  de  la  manipulation.  Au  passage,  je  pourrais  leur
        communiquer la liste de tous les produits susceptibles de contenir du porc,
        c’est-à-dire  comme  me  l’a  indiqué  mon  Directeur  général  également  les
        bonbons ou certains yaourts.
        - Cela risque de faire une liste considérable à communiquer. Je suggère que
        cette liste soit plutôt disponible en ligne sur le site de ton Ministère. Ce sera
        plus simple et plus pratique.
        - Effectivement tu as raison.
        - Comment comptes-tu t’y prendre pour diffuser l’information ?
        -  Evidemment  pas  de manière télévisuelle. D’abord  parce  que  vis-à-vis  des
        chaînes je n’ai aucune autorité pour imposer mon passage mais surtout parce
        que  cela  se  déroulerait  au  mieux  lors  du  journal  de  13h00,  c’est-à-dire
        généralement à la fin du déjeuner de nombreux français. Autrement dit, ils
        apprendraient que le repas qu’ils viennent d’ingurgiter est potentiellement
        mortel. Si on veut générer une panique totale je pense qu’il n’y a pas beaucoup
        mieux. Non, mon idée est de joindre Jean-Pierre COUDRIN, le journaliste chez
        lequel j’étais hier matin afin de lui annoncer que j’ai un scoop exclusif à son
        attention.
        - Les français risquent de ne pas comprendre. Hier tu te voulais pleinement
        rassurant et le lendemain matin, tu leur annonces l’apocalypse. Ce sont deux
        langages radicalement opposés à simplement vingt-quatre heures d’intervalle.
        - C’est toi qui me l’a affirmé tout à l’heure. Je sais être convaincant et je peux
        te garantir que je le serai.
        - Autre question qui peut paraître dérisoire à côté de la vie de milliers voire de
        centaines de milliers de nos concitoyens mais ton annonce va nécessairement
        faire s’effondrer d’un coup toute la filière porcine, c’est-à-dire si ma mémoire
        est  bonne,  pas  moins  de  cent  mille  personnes  travaillant  directement  ou
        indirectement dans celle-ci.
        - J’en ai parfaitement conscience mais ai-je vraiment un autre choix ?
        - Dans ma question il y avait déjà la réponse. La vie de milliers de personnes
        est le bien le plus précieux. A préserver à tout prix.

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