Page 136 - le barrage de la gileppe
P. 136
136
Pendant la durée de l’assèchement, l’alimentation des usagers était assurée par le
barrage d’Eupen, où un réservoir d’accumulation d’eau épurée, d’une capacité de 45 000
m3, avait été construit dans le voisinage de la station d’épuration. Mais
l’été 1969, chaud et sec, obligea le Service des Ponts et Chaussées et les communes
alimentées à prendre des mesures de restriction, la consommation dépassant
notablement les possibilités de la station d’Eupen. Terminons ces détails techniques, qui
nous ont été donnés par le Service des Barrages, en mentionnant qu’une voie nouvelle
de 3 kilomètres de longueur et 7 mètres de largeur a été ouverte pour remplacer
l’ancienne route Béthane-Jalhay, et qu’une nouvelle route forestière a succédé à celle qui
suivait le caprice des anses du bassin et a disparu dans l’extension de celui-ci.
La Gileppe vidée pour la seconde fois
Les travaux accomplis à l’aval du barrage n’avaient pas interrompu la distribution d’eau
de la Gileppe : l’enrochement du côté du lac entraîna fatalement un second
assèchement. C’était le second en dix ans...
Le lundi 6 janvier 1969, à 9 heures du matin, le lac se vidait au rythme de 20 m3 par
seconde, déversés par la nouvelle vanne d’un diamètre de 1,80 mètre, dont le lourd
pavillon d’acier s’ouvrit lentement, en pivotant sur son axe. Le mince écoulement se
gonfla de seconde en seconde pour devenir une gerbe écumante et argentée, brillant au
soleil de ce jour d’hiver.
On ouvrit la seconde vanne peu après. Les eaux se jetaient dans le premier bassin
d’amortissement profond de trois mètres, et s’écoulaient ensuite dans un second
bassin jaugeur, pour pénétrer dans le canal bétonné vers la Vesdre.
Huit jours après, tout le lac était vidé, à l’exception d’une mare s’étendant devant le
mur déjà recouvert de l’autre côté.
Les jours suivants, et surtout le dimanche 12 janvier, des foules de curieux affluèrent
au belvédère, où elles se succédaient par vagues, une bise mordante limitant le temps
de contemplation... Le spectacle était saisissant. Une impression poignante se
dégageait de la vallée morte, aux tons d’ocre et de gris sous l’ondulation brunâtre de la
forêt d’hive r.
parmi le vallon aride, le ruisseau de la Gileppe, en un ruban argenté,
Serpentant
reprenait possession de son lit séculaire...