Page 137 - le barrage de la gileppe
P. 137

Dans les entrailles du barrage                                                                          137

               Nous gardons le souvenir impressionnant d’une tournée guidée par MM. Pirotton et
            Parmentier, en septembre 1969

               A leur suite, nous pénétrâmes dans le canal d’évacuation (qui allait être obturé dans la
            suite) ouvert au centre du barrage.

            Ses dimensions : 3,50 mètres de diamètre, et sa longueur : 245 mètres d’un bout à l’autre.
            Nous le parcourûmes jusqu’aux entrailles de l’ancien ouvrage, dans une sorte de carrefour
            au-delà duquel le ruisseau, empruntant notre canal, s’écoulait en bifurquant vers la rive
            gauche.

               Le 20 août précédent, un coup d’eau, d’une ampleur exceptionnelle, s’était engouffré
            dans cette galerie d’évacuation et l’inondation atteignit la cote de 3 mètres au carrefour où
            nous nous tenions. On en voyait les traces rougeâtres, très nettes.
            De cet endroit, nous pouvions rendre hommage à Bidaut en contemplant la maçonnerie
            centenaire qui avait vaillamment résisté à l’épreuve du temps, mais qu’il fallait consolider
            pour supporter le poids de son exhaussement.

              De ces profondeurs, nous remontâmes vers le chantier supérieur, par le détour de la

            route provisoire construite pour acheminer les matériaux de la carrière au barrage, sur les

            camions géants de Sogetra.


               Sur la rive gauche, nous escaladâmes par une échelle le pont de Bailey, érigé pour

            construire la passerelle de 90 mètres reliant la tour de prise d’eau à la berge. On achevait

            la coupole de cette tour, d’un diamètre de 9 mètres, lorsque nous y accédâmes après
               .
            avoir enjambé les éléments de la passerelle définitive. Chacun des trente éléments en

            béton des deux passerelles a 3 mètres de long et pèse 15

            tonnes. Ils ont été soudés l’un à l’autre au moyen d’une épaisse colle plastique,
             avant d’être solidement rivés par emboîtage.

             Juché à 70 mètres de haut, nous regardions les ouvriers coffreurs sur une passerelle


           circulaire embrassant l’autre tour, à la rive droite. Le lac reverdissait, une herbe légère


           croissant sur la vase.


             Un autre spectacle nous fut montré à l’autre côté du barrage : le contraste entre la
           station électrique, monobloc rigide et nu, et l’architecture archaïque de la maison du

           barragiste, propriété de la ville de Verviers, avec l’encadrement funèbre des chaînes

           tendues autour des « filtres ».
             Nous interrogeâmes ingénieur et conducteur des travaux sur les incidents ou accidents

           qui avaient marqué cette colossale entreprise. Malgré les dangers qu’elle présentait,

           déplacement de masses de terre, creusement de galeries, exploitation d’une carrière, le
           nombre des accidents qui se sont produits est très minime, et généralement de peu
           d’importance, pour le personnel, bien qu’ayant entraîné de graves dégâts, telle la chute

           d’un bac de béton dégringolant d’une hauteur de 60 mètres au fond de la tour de prise

           d’eau, à la rive droite.

             Nous avions suivi la construction du barrage d’Eupen du début à la fin et nous gardions
           l’image de la gigantesque fourmilière que présentait le val de Spa-Brunnen où nous avions
           vu un millier d’ouvriers en mouvement.


             Mais vingt ans plus tard, la technique avait progressé et le personnel ne dépassa jamais,
           à la Gileppe, le chiffre de trois cents à quatre cents hommes, d’une main- d’œuvre surtout
           qualifiée.
   132   133   134   135   136   137   138   139   140   141   142