Page 138 - le barrage de la gileppe
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Les derniers travaux                                                                                     138


                                                Depuis le début des travaux jusqu’à leur achèvement,
                                              c’est- à-dire du 1er mars 1967 jusqu’à fin 1970, des
                                              milliers de visiteurs se sont succédé au plateau du
                                              belvédère, amenés en cars ou en autos des quatre
                                              coins du pays. Les abords immédiats des chantiers
                                              étaient interdits au public, et un service de surveillance
                                              fonctionnait.

                                                 Visiteurs de marque, souvent. En décembre 1968, le
                                              prince Albert fut reçu à Verviers et vint inspecter les
                                              travaux. Il s’y intéressa vivement et interrogea les
                                              ingénieurs. « Que coûterait, demanda-t-il notamment,
                                              l’exhaussement du barrage ? » On cita un chiffre (rond !) :
                                              plus d’un milliard de francs...


               La réception de l’ambassadeur de France, le 15 septembre 1969, donna à M.
            l’ingénieur Pirotton, remplaçant M. De Clercq empêché, l’occasion de faire le point. On

            abordait alors la seconde des trois phases de l’ouvrage et l’on en prévoyait l’achèvement

            à fin 1970 ou début 1971.

               Des techniciens, belges ou étrangers, vinrent à de fréquentes reprises sur les chantiers

            en ces quatre années, et la construction des tours de prises d’eau fut

            notamment le but de leur randonnée documentaire.

               D’autres visiteurs, plus modestes et à qui le souffle ne manquait pas, entreprenaient
            l’escalade du raidillon mon-tant à travers bois, par-delà le petit « Hôtel du Lion » voisin de

            la Borchêne, et aboutissant au point de vue panoramique. Dans les débuts, la montée

            était pénible. Le sentier était revêtu d’un petit gravier fuyant sous les pas et un seul banc

            offrait une halte bienfaisante à de rares privilégiés... Paternellement, l’ingénieur-directeur
            fit aménager le sentier et augmenter les étapes d’arrêts reposants...

               Un autre haut-lieu (historique, celui-là) attira des foules considérables en
            août 1969 : le Syndicat d’initiative de Limbourg avait ouvert une exposition de la Gileppe
            dans ses locaux de la place Saint-Georges. On y admira des collections abondantes
            d’anciennes cartes postales du barrage, datant du début du siècle, des croquis dessinés
            avec grand art pendant les travaux de 1869-1877, des peintures, des plans, des
            appareils curieux, entre autres un instrument qui fut soumis à Léopold II, à l’inauguration
            du barrage, en 1878.

               En avril 1969, commencèrent l’enrochement du barrage à l’amont et la construction des
            prises d’eau. A la mi-juin de la même année, la route nationale 29, Béthane- Jalhay,
            élargie depuis le nouveau pont sur la Gileppe jusqu’au lieu- dit « Tigelot », était ouverte à
            la circulation des voitures.
            Dans les premiers mois de 1970, un autre travail important était entamé. On sait que la
            Gileppe a été « calibrée », depuis l’aval du barrage jusqu’à la route de Dolhain à Eupen.
            La petite rivière traversait cette route sous un pont, à proximité du chemin conduisant au
            barrage de la Borchêne.

               Mais ce pont devait disparaître pour permettre l’évacuation éventuelle du réservoir en
            cas d’urgence ; une vidange « en catastrophe », selon l’expression technique.

               Le canal est prévu pour supporter un débit de 80 m3 à la seconde, mais les piles de
            l’ancien pont et le vieux mur de l’usine Despa, en face, sur la rive droite de la Vesdre,
            risquaient de s’écrouler sous les coups de boutoir d’une telle irruption.
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