Page 139 - le barrage de la gileppe
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Le canal a donc été détourné à son confluent pour l’amener dans le sens du courant de                139
            la Vesdre.

              Pour  réaliser  ce  coude,  la  colline  a  été  rétrécie  du  côté  gauche  de  la  route  dans  la
            direction de Dolhain.


              Cet important travail s’est effectué sans interrompre la circulation des voitures et des
            bus et, pendant la construction du nouveau pont, les eaux de la Gileppe passaient par de
            grosses conduites pour se déverser dans le lit de la Vesdre.

               Une opération plus spectaculaire encore était offerte aux nombreux touristes attroupés
            au belvédère.


              Le socle du lion fut rétabli à son ancien emplacement, pour recevoir les pierres reposant

            depuis 1967 au «Tigelot», à l’abri sous un baraquement. Elles auraient constitué un puzzle
            insoluble sans leur numérotation et leurs photos.

              Cette  reconstitution  dura  plusieurs  mois.  Commencée  à  l’été  1970,  elle  devait  se
            prolonger l’automne et l’hiver. Le lion fut à nouveau encagé, comme à l’époque où il avait
            été dépecé. Sa reconstruction, non encore terminée au moment où nous écrivons, doit
            être parachevée par les sculpteurs qui feront disparaître d’inévitables éclats, rajeunissant

            la fourrure du roi des animaux.


              Auparavant,  le  26  juin,  l’eau  de  la  Gileppe  avait  été  rendue  à  la  consommation.  On
            actionna les commandes électriques des nouvelles prises d’eau et l’on ferma les vannes
            de la conduite d’Eupen. Le barrage contenait alors      environ 20 millions de mètres cubes,

            grâce aux pluies abondantes du printemps.


              Pendant cette même année 1970, on équipa la nouvelle centrale électrique et les deux
            tours de prises d’eau et, les derniers mois, on procéda au curage du petit réservoir de la
            Borchêne, qui en avait grand besoin.


              On envisageait aussi la construction d’un restaurant aux abords du parking supérieur. A

            cette  fin,  le  Service  des  Barrages  avait  demandé  le  concours  de  l’Office  provincial  du

            Tourisme. Le directeur et un de ses adjoints vinrent sur les lieux.

              En  compagnie  d’un  ingénieur  du  barrage,  ils  visitèrent  les  travaux,  se  dirigeant

            finalement vers la carrière par le chemin de la Borchêne, dans une terre profondément

            labourée par le passage des poids lourds... où leur jeep s’embourba si solidement que ses

            occupants durent se résigner à poursuivre leur tournée à pied. On ne pense pas à tout : le
            trio n’était pas chaussé de bottes, et les fragiles souliers de ville furent vite enrobés d’une

            épaisse  couche  de  vase.  Mais  quand  on  sait  l’optimisme  qui  anime  la  direction  du

            Tourisme et l’accoutumance d’un ingénieur principal qui en a vu d’autres, on peut affirmer
            que la mésaventure fut joyeusement acceptée...


              Que deviendra cette carrière, dont on a extrait des milliers de tonnes de pierres pour
            l’enrochement du barrage ?

              Les déblais inutilisés serviront à rétablir la pente de la colline éventrée, sous le bois de

            Hèvremont  et,  quand  les  terres  seront  tassées,  on  y  replantera  des  sapins.  Et  la  forêt
            reprendra  ses  droits,  reverdissant  aux  abords  de  la  Borchêne  et  du  confluent  du

            Maloupont.

              Un rideau vert tombera sur la gigantesque opération commencée au début
              de 1967, et dont le promoteur, M. J. De Clercq, fut honoré, en septembre 1970, du titre
            d’inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées.  Nomination  qui  couronne  très  justement
            une carrière tout entière consacrée aux études, projets et réalisations de barrages et, dans
            les dernières années, à la construction de l’autoroute Roi- Baudouin dans la traversée de
            l’arrondissement de Verviers et ses prolongements vers l’agglomération verviétoise
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