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LA MAIN CACHEE illustre parfaitement cette idée. Sous le règne de la Terreur de
Staline, un Juif religieux était incarcéré dans un camp de travail en
Sibérie, à l’extrémité nord de la Russie. Malgré les ordres cruels, la
faim qui le tenaillait et la morsure du gel, il fredonnait sans cesse
ses nigounim (airs) favoris avec entrain. Un Juif non religieux, jaloux
de cet enthousiasme incompréhensible, s’emporta contre lui :
« De quoi te réjouis-tu à ce point ? Tu es prisonnier et esclave,
tu meurs de faim et tu as été roué de coups aujourd’hui. Ces
Russes te considèrent comme un moins que rien ! Comment peux-
tu chanter ?
Le Juif à la frêle silhouette cessa aussitôt de fredonner et son
visage redevint sérieux.
- Dis-moi, demanda-t-il, que faisais-tu avant d’arriver ici ?
- Moi ? s’écria l’autre Juif d’un ton révolté, j’étais un médecin
réputé ! Et toi, que faisais-tu ?
- Ah ! soupira son camarade. Voilà pourquoi tu es triste. Tu
vois, ici tu n’es rien, alors qu’autrefois tu étais médecin. Moi, par
contre, j’étais un éved Hachem (un serviteur de Hachem), et ici, je
suis toujours un éved Hachem.
Il écarta les bras, haussa les épaules et rajouta :
- Rien n’a changé pour moi. Je suis resté le même. C’est
pourquoi je peux chanter. »
Il ferma les yeux, se pencha en arrière et reprit son nigoun.
La Révélation du Sinaï nous a appris notre véritable identité, ou
tout du moins nous a aidés à découvrir ce que nous n’étions pas.
Nous ne sommes pas Hachem. Nous sommes soumis à des limites.
Quelle que soit notre situation, nous sommes toujours plus petits
que Hachem, et notre devoir est de Le servir. Même le plus
puissant des hommes a ses limites et n’a pas les moyens de les
outrepasser.
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juste avant de larguer la bombe atomique sur Nagasaki « A
Notes
Thousand Old Faithful Geysers Rolled into One Blast », The New
York Times, 9 septembre 1945.
1 John Hersey, dans son livre Hiroshima, remarqua un fait cruellement
ironique : « Mademoiselle Toshi Sasaki, secrétaire dans une usine
sidérurgique située à 1,4 km du centre de la catastrophe, mourut
écrasée, car sa jambe gauche resta coincée sous les décombres de la
bibliothèque. Là-bas, dans cette fabrique d’étain, en ce premier instant
de l’ère atomique, un être humain périt écrasé sous des livres. »
2 William L. Laurence décrivit l’explosion de la bombe larguée sur
Nagasaki (trois jours après le largage de la bombe sur Hiroshima) dans
son article qui remporta le Prix Pulitzer : « A Thousand Old Faithful
Geysers Rolled Into One Blast », publié dans The New York Times, le 9
septembre 1945.
3 Loc.cit. Le même témoin ajouta : « Le champignon continua son
ascension dans une furie déchaînée, comme un monstre brisant ses
chaînes. En quelques secondes, il se libéra de sa racine gigantesque et
s’élança dans les airs à une vitesse spectaculaire, son élan le propulsant
dans la stratosphère à une hauteur d’environ 1,8 km.
« À peine ce phénomène s’était-il produit, qu’un autre champignon, plus
petit que le précédent, émergea de la colonne de feu. On eût dit qu’il
poussait une nouvelle tête au monstre décapité.
« Alors que le premier champignon s’évaporait dans les cieux, il changea
de forme et se transforma en une espèce de fleur, dotée de pétales géants
courbés vers le bas, d’un blanc crémeux à l’extérieur et rosé à l’intérieur.
Il avait toujours cette forme lorsque nous l’aperçûmes pour la dernière
fois à une distance d’environ 320 km. La colonne bouillonnante et Hiroshima
multicolore pouvait également être vue à cette distance, telle une
gigantesque montagne d’arcs-en-ciel entremêlés. Beaucoup de matières
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