Page 59 - Fondamentaux Cned
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Enjambement, rejet et contre-rejet

          Le rythme n’intervient pas toujours dans le cadre d’un seul vers.
          →  L’enjambement est la continuation d’une phrase d’un vers sur le vers suivant.
                  Écoutez la chanson lente – d’un batelier

                  Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes.

                                                                                                  APOLLINAIRE



          →  Le rejet : si cette continuation dans le deuxième vers est très brève (un mot ou deux), il s’agit d’un rejet.
                  Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,
                  Pleuvaient ; les grenadiers, surpris d’être tremblants


                                                                                                    Victor HUGO



          →  Le contre-rejet : au contraire, la phrase ou la proposition commence à la fin d’un vers et se développe
            dans le vers suivant.

                  Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne
                  Faisait voler la grive à travers l’air atone

                                                                                                 Paul VERLAINE



          Les sonorités


          Le jeu sur les sonorités (choix, place et répétition des sons) est un élément important qui contribue à
          créer la musicalité du poème. Ce jeu, bien sûr, n’est pas gratuit, il établit des relations entre les sons et
          le sens du texte.


          Les sons

          La poésie est un art du langage ; l’impression sonore revêt donc dans le poème une importance qu’elle a
          beaucoup moins dans la communication courante.
          Le poème tend à construire une correspondance entre l’organisation de ses sonorités et le contenu du texte.

          →  Les voyelles peuvent être :                     →  Les consonnes peuvent être :
             – aiguës et claires : i, u, é, è                   – dures (occlusives) : p, t, k, b, d, g
             – graves et obscures : a, ou, o, on                – sifflantes : s, z

                                                                – liquides : l, r


          L’allitération
          C’est la répétition d’un son consonantique ou de deux sons consonantiques voisins ([p] et [b] par exemple).
                                           Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire.


                                                                                                  APOLLINAIRE


                  La dureté de l’allitération en [r] évoque la brisure du verre.

          58  CNED – SECONDE – FRANÇAIS
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