Page 382 - Christian Maas Full Book
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Tout artiste se trouvant à un moment donné de sa carrière sacré par le marché doit se confronter
                   aux problèmes engendrés par les faux. Si trouver en tel ou tel lieu des œuvres signées de son nom –mais

                   dont la paternité lui échappe- peut flatter l’ego de l’artiste, il faut néanmoins qu’il réagisse avec vigueur
                   et fermeté sous peine de voir le marché envahi d’épigones signés d’une main plus ou moins tremblante…


                          Répertorier le vrai, l’authentique, c’est donc exclure le faux, l’inauthentique dont l’ombre plane

                   sur l’œuvre reconnue de tout artiste.



                          Les sculptures de Christian Maas sont en voie de reconnaissance et n’ont pas fini de faire parler les
                   gens, critiques, exégètes, détracteurs, inconditionnels ou simples mortels qu’ils soient collectionneurs ou

                   spectateurs. Tel est bien évidemment le but d’une œuvre d’art, de produire une émotion qui, ébranlant
                   les certitudes, engendre réflexions et pensées.

                          Certains artistes s’y emploient à travers une litanie répétitive sous tendue d’un discours élitiste le
                   plus souvent convenu, attendu, bref conforme. C’est ce qu’ils appellent « proposer une ligne, défendre

                   une ligne, développer une ligne ». ll s’agit pour eux de produire une pensée sans bavure contenue par
                   des œillères, quasi prédestinée, incontournable comme on se plait à répéter aujourd’hui, autant dire as-

                   signée d’un sens. ll leur faut à tout prix éviter le hors limite, éviter de sombrer dans la marge sentie et
                   vécue comme une surface d’exclusion. Développer « la ligne » c’est avant tout construire une frontière

                   empêchant de se démarquer pour mieux devenir un élu : élu versus exclu. ll faut « garder sa ligne »,
                   rester mince non pour passer inaperçu mais pour offrir le moins possible de volume de résistance à ce

                   qui est là, pour adhérer à un canon et s’y fondre. Cette « ligne » est désormais bien définie comme un
                   conformisme généralisé dont le tracé idéal dévoile un sens déterminé basculant, par son absence de rai-

                   sonnement critique, dans la plus plate insignifiance.


























 Christian Maas                                                 CATALOGUE RAISONNÉ Vol. II  391



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