Page 386 - Christian Maas Full Book
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Mais, le dédoublement de personnalité peut se manifester également sous la forme des deux

                   principes opposés, du bien et du mal, la double postulation de Baudelaire, l’antagonisme du Docteur
                   Jekins et de Mister Hyde immortalisé par Wells. A l’instar de Baudelaire, Christian Maas n’a cessé, dans
                   son oeuvre, d’extraire la beauté du mal. Sa vie trépidante, ses voyages incessants, ses multiples rencontres

                   dissimulent une ascèse secrète, et on pourrait lui objecter :
                   “Pour que ton bonheur ne nous oppresse pas

                          Tu te voiles d’astuces diaboliques,
                          De l’esprit du diable, de son habit

                          Mais c’est en vain! Dans ton regard
                          On voit luire la sainteté”.


                          Entre le saint le démon, l’homme et la femme, le nomade et le sédentaire, l’artiste et l’artisan,
                   l’ascète et l’hédoniste, Christian Maas n’a jamais véritablement choisi, préférant être tour à tour l’un et
                   l’autre ou les deux à la fois.


                          Ainsi, il serait peu, à son propos, de parler de dédoublement, voire de détriplement de la person-

                   nalité, démultiplication de la personnalité serait plus exact, dans la mesure où, chez lui, tout est différent,
                   tout est relatif. Cependant, comme le disait profondément Lanza del Vasto, “si tout est relatif, alors je
                   pose l’Absolu, c’est la relation”. Il faut en effet un principe qui fonde et justifie les différences, qui expli-

                   que le relatif… Il faut une unité. La vie de Christian Maas, à l’instar de son œuvre, n’est que l’unité d’une
                   diversité, l’unité d’une pluralité, l’unité d’une multiplicité, la synthèse non pas d’une mais de plusieurs
                   dialectiques. Reconnaître sa pluralité c’est en effet reconnaître encore sa profonde unité. Dire “je suis
                   plusieurs”, c’est encore ramener la pluralité à l’unité du “je” qui est l’unité par excellence, même si “tout
                   je est jeu d’un je qui joue”.




                                                                                                            PAUL DUBOUCHET

                                                                                                                         ECRIVAIN
                                                                                   MAITRE DE CONFERENCE EN CORSE
















 Christian Maas                                                 CATALOGUE RAISONNÉ Vol. II  395



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