Page 391 - Christian Maas Full Book
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les fenaisons et la moisson. Il lui arrive de laisser échapper les vaches et les chèvres des paturages,
ce qui lui vaut de sévères corrections car n’imaginons pas des vacances ydilliques. Loin de toute
scène pastorale, les moments privilégiés qu’il passera dans ce hameau n’en sont pas moins sou-
mis à la sévérité des adultes. Les quelques sottises enfantines sont durement punies. L’enfance est
déniée, on ne respecte pas les expériences, les jeux trop bruyants, les farces. Mais trop d’austérité tue
l’austérité et fort heureusement l’imagination est là pour échapper à un quotidien souvent brutal. Et
d’ailleurs à chaque hiver succède le printemps et avec lui son lot de gaité; il faut faire les récoltes, courrir
dans les champs, se cacher dans le foin. Petit à petit les branches se recouvrent de minuscules bourgeons
puis de feuilles vernissées et luisantes d’un vert tendre. Aux fleurs succèdent les fruits, dans un éternel
recommencement de la nature féconde.
Ainsi le monde change-t-il, mais cette modification est le fruit des lois de la nature. Une débauche
de profusion de fruits, de fleurs et de plantes succède à l’austérité hivernale ; l’ascèse et l’outrance sont
dans la création elle même; l’artiste naissant saura les faire siennes.
Il n’y a donc qu’une apparente contradiction dans l’attitude de Christian adulte. On peut en effet
s’étonner de rencontrer chez lui deux faces antagonistes l’outrance et le dénuement; c’est oublier que ces
deux images sont comme les faces d’une même face, l’une ne va pas sans l’autre. Tout comme la nature
sait se montrer avare, elle peut donner à profusion dès lors qu’on la respecte. Ainsi, dans et par son tra-
vail, Christian Maas n’aura-t-il de cesse d’englober cette dualité. Et d’ailleurs, la dualité semble bien être
le terme que nous pourrons en permanence attacher à ce génial artiste, chaque fois qu’il ne s’agit pas
d’un changement, mais d’une double facette inhérente, et indissociable, comme les deux moitiers d’un
tout.
Car, comme le montre si bien Pascal “L’homme n’est ni ange, ni bête. Le malheur est que qui veut
faire l’ange fait la bête”.
Mais ce monde si changeant, l’artiste va en saisir la diversité pour qu’elle devienne richesse. Les
premières tentatives, pour puériles qu’elles sembleront, n’en seront-elles pas moins de nécessaires ex-
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