Page 392 - Christian Maas Full Book
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périences? Ainsi s’expliquent les petits animaux de bois, mais également les toutes premières collections

                   porte-clés, bouchons, timbres, monnaies et billets du monde, paquets de cigarettes, d’allumettes, vais-
                   selles, outillages divers, chaussures et vêtements de femme, lunettes, cloches, chapeaux, voitures etc... Et

                   d’ailleurs ces accumulations ne préfigurent-elles pas les séries qu’il créera par la suite, séries de bronzes
                   prenant sens par leur nombre et se répondant l’un à l’autre, l’un par l’autre? Dès lors pourons-nous voir

                   dans ce choix enfantin de rassembler les objets, comme une intuition, ou mieux une préfiguration de la

                   dimension artistique, collectionner pour mieux s’approprier, s’approprier pour découvrir l’essence de
                   chaque chose et la faire sienne. Ainsi, des naïves créations enfantines aux premières collections dont il
                   conservera toujours l’usage, aux créations ultérieures se dessine une réelle continuité.




                          Mais revenons à notre modeste hameau. Quelques fermes serrées les unes contre les autres com-
                   me pour se protéger mutuellement et ce vert, tant de vert, trop de vert… De cette couleur qui deviendra
                   son emblème, il sera entouré et elle l’envoutera, vert mousse, vert tendre et bleuté, vert sombre, si sombre

                   qu’il en parait noir, vert si pâle qu’il semble se fondre dans le ciel. Et les arbres, tant d’arbres, bois somp-

                   tueux comme une symphonie, bois majestueux qui appellent à l’humilité devant tant de beauté qu’elle
                   en éblouit. Des forêts qui, enfant, vous font encore plus petit, qui dévoilent par éclairs la splendeur d’une
                   frondaison, qui vous effraient tout en vous rassurant, qui vous retiennent jusqu’à la nuit tombée, qui

                   ensorcèlent et révèlent violemment l’incroyable beauté du monde. Des arbres, Christian en comprendra

                   la force, leurs racines deviendront les siennes. Comme elles, il s’enfoncera chaque jour un peu plus dans
                   cette terre qu’il vénère, tout en levant les mains au ciel. Et le mystère se dévoile, l’apparente contradic-
                   tion de l’artiste s’efface devant la création. Homme de la terre et du ciel, fils de la nature aspirant à

                   l’infini, plongé dans le sol et tourné vers les cieux…Tant de beautés qui se donnent à voir, ces couleurs

                   qui éclaboussent et éblouissent, quel enfant n’en sortirait pas grandi? C’est ainsi que le modeste hameau
                   de Haute-Loire apparaît à ses yeux comme le théatre de la création théâtre divine. Ce que Dieu a of-
                   fert aux hommes, il va progressivement se l’accaparer, le faire sien pour devenir à son tour créateur. A

                   son tour il enfantera un monde tel qu’il est. De ses mains sortira la beauté. Cette nature qui a bercé son

                   enfance, il ne cessera de lui rendre le plus vibrant des hommages, s’y soumettre puis la soumettre, en
















 Christian Maas                                                 CATALOGUE RAISONNÉ Vol. II  401



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